Notre objectif au départ était modeste. Pour commencer, il ne s’agissait que de chercher à nous former et à nous informer à propos d’une question assez élémentaire : D’où vient l’argent et où va-t-il dans la gestion publique à l’échelon communal, réputé le plus proche du citoyen ? N’est-il pas de notoriété publique que le budget communal est une matière assez technique et assez complexe ? Ne vaut-il pas mieux, avant de pouvoir en parler, savoir un tout petit peu « comment tout cela fonctionne » ? En soi, rien de plus ambitieux que de chercher à parler en connaissance de cause. Les autorités à l’échelle locale n’avaient-elles d’ailleurs pas annoncé leur volonté de rendre la chose publique accessible aux citoyens ? Qu’elles travailleraient dans la transparence ! Qu’elles inviteraient tout un chacun à participer ! Suffisamment d’indices plaidaient pour que nous prenions au mot cet esprit d’ouverture et que nous entreprenions quelques démarches pour obtenir ce qui s’était dessiné dans notre esprit. Nous désirions organiser bientôt pour nos membres et nos sympathisants une séance d’information sur ces questions avec un fonctionnaire* versé dans le domaine et qui, en d’autres temps, avait déjà fait preuve de ses dons de pédagogue.
Oui mais, pour modeste qu’il soit, l’objectif méritait, nous répondit-on, qu’un échevin soit saisi de notre demande. Sitôt dit, sitôt fait, nous nous fendons d’une lettre officielle adressée à l’échevin des finances qui y répond par la négative arguant de problèmes d’agenda momentanément trop chargé. Nous patientons donc quelque peu mais reprenant l’initiative quelques semaines plus tard, nous adressons cette fois une autre lettre au Collège tout entier, plaidant la modestie de notre objectif et … la pureté de nos intentions.
Le silence des autorités d’abord nous étonne, ensuite nous inquiète un peu, finit même par nous irriter. Nous envoyons une nouvelle lettre, au ton un peu plus abrupt, rappelant nos démarches antérieures en insistant sur le caractère pour le moins maladroit d’un pouvoir qui se dit de proximité et qui choisirait de ne pas nous répondre. Nous sommes tout de même des citoyens comme les autres qui méritons au moins un accusé de réception et puis nous éditons un bulletin qui a un certain tirage, qui est lu par quelques centaines d’abonnés … Cette fois, on nous invite à prendre un rendez-vous pour parler de notre démarche. Un chef de Cabinet nous reçoit, salue l’esprit constructif de notre mouvement citoyen, excuse le retard des autorités communales dans la gestion du courrier, nous suggère quelques autres pistes que celles à laquelle nous avions pensé mais nous promet une réponse rapide. La réponse viendra, en effet, sous la forme d’une lettre officielle nous confirmant que la commune, tout en nous félicitant pour notre esprit constructif ne peut pas pour le moment mettre à notre disposition un personnel qualifié pour nous informer sur les finances et le budget communal.
Dont acte ! Dont acte mais la question continue de se poser : D’où vient et où va l’argent des contribuables ? A Schaerbeek quelqu’un le sait-il aujourd’hui ? Quelqu’un sait-il démêler les fils de l’écheveau financier ? Quant à nous, nous avons quelques raisons d’en douter. Nous nous sommes laissé dire que même quelques-uns de nos élus seraient bien en peine de nous l’expliquer. A moins qu’un signe nouveau nous fasse changer d’avis … A suivre peut-être lors d’une prochaine rencontre … L’avenir, fort heureusement dure assez longtemps.
*Ce fonctionnaire avait participé volontiers, quelques mois à peine avant, à un programme de formation soutenu par la région de Bruxelles-Capitale et qui s’adressait aux citoyens de 4 villes européennes. Son exposé sur les finances d’une commune, bien qu’un peu rapide, lui avait valu l’admiration de tous ceux qui y avaient assisté et en particulier du signataire de cet article.