article: Interpellation populaire sur l’expulsion des Roms (21-09-2011)

Chers lecteurs et lectrices,

A la demande d’un des membres du bureau, nous avons décidé de diffuser cette demande d’interpellation lors de la prochaine séance du conseil communal d’octobre prochain.
En effet l’expulsion des familles Rom de la gare du Nord, le lundi 19 septembre dernier par la police communale est difficilement conciliable, voire profondément contradictoire avec les principes de l’accord de la majorité 2006-2012 « Schaerbeek, la commune préférée pour sa qualité de vie ».
Il est dès lors plus que « normal » que certains citoyens réagissent quand ils voient la manière de traiter des gens comme des « moins que rien », une situation qui rappelle des périodes où des humains étaient traités comme des « infra-humains ». S’insurger contre de telles dérives toujours possibles, fut la raison même de la fondation de ‘Démocratie Schaerbeekoise » en 1988.

TEXTE DE L’INTERPELLATION ET LISTE DE SIGNATURES À TÉLÉCHARGER ICI

Mme C Jodogne, bourgmestre ff
M B Clerfayt, bourgmestre empeché

Schaerbeek, le 21 septembre 2011

Madame la Bourgmestre,

Monsieur le Bourgmestre,

Nous sommes des habitant-es de Schaerbeek. Depuis une dizaine d’années, nous avons eu l’occasion d’être heureux et parfois fiers de l’évolution de notre commune.
Mais l’expulsion des familles Rom de la gare du Nord, ce lundi 19 septembre, nous scandalise.
Il ne s’agit pas, bien entendu, de tomber dans l’angélisme : la situation de ces familles (même en été … qu’en sera-t-il dans 3 mois ?!) était difficile et scandaleuse : pas seulement pour le désagrément causé aux usagers, mais surtout pour la réalité vécue par ces familles et par leurs enfants. Cette situation appelait donc bien une réaction de la part des autorités. Mais nous ne pouvons ni ne pourrons demain accepter une politique qui remplace un scandale par un scandale pire encore, qui règle un problème en le repoussant simplement aux frontières de la commune. (Ce n’est d’ailleurs pas la première fois ; un arrêté d’évacuation avait déjàété pris il y a quelques mois)
L’action de la police pour chasser ces familles n’apporte, par elle-même, aucun élément de solution, ni àcourt terme, ni àmoyen terme ; s’il est vrai que vous deviez réagir (et depuis un certain temps), cela devait être dans une action intégrée qui vise àdonner àces familles une sécurité vitale, et les bases matérielles pour poser les premiers actes de leur intégration – à commencer par un logement.
Bruxelles – et Schaerbeek en son sein – compte de nombreux logements vides, et bien plus encore de bureaux et d’immeubles commerciaux inutilisés. Que beaucoup de ces lieux soit peu confortables est un fait ; mais nous ne vous prêterons pas l’hypocrisie d’utiliser un tel argument: n’importe lequel eût mieux valu que la terrasse de la gare où ils étaient, ou que le nulle part où vous les avez envoyés.
Nous sommes scandalisés de ce qui s’est passé, et nous craignons pour l’avenir: pour l’avenir des familles persécutées ou humiliées dans leur pays membre de l’UE et rejetées ici ; et aussi pour l’avenir de la démocratie si des responsables politiques respectables comme vous alimentez la peur de l’autre et le rejet des étrangers par de telles mesures. Un pouvoir qui désigne lui-même le bouc émissaire cautionne par avance les dérives …
Nous vous demandons donc instamment que de telles mesures, de délogement sans relogement, ne soient plus jamais prises à Schaerbeek. A l’avenir, les autorités communales et régionales doivent s’organiser, et interpeler les niveaux de pouvoir supérieurs, pour trouver des réponses respectant les droits fondamentaux de ces personnes.
Au nom de nombreux Schaerbeekois et Schaerbeekoises inquiets de voir leur commune retourner vers ses heures sombres, nous demandons une intervention sur ce sujet au prochain Conseil Communal sur base de l’article 89 de la Nouvelle Loi Communale.
Nous vous remercions de votre bienveillante attention et vous prions d’agréer, Madame la Bourgmestre et Monsieur le Bourgmestre, nos salutations les plus respectueuses.
copie au collège des échevins et au gouvernement régional bruxellois