article: Rapport de l’Assemblée générale Démocratie Schaerbeekoise 15 mai 2013: Parole à l’opposition.

Face au programme de majorité comment l’opposition envisage-t-elle son rôle ?
Discussion avec Catherine Moureaux (PS), Georges Verzin (MR) et Axel Bernard (PTB+).

Présents : 19 personnes
Excusés : Luc .., Lydia .., André .. et Yves Goldstein

Avant d’entamer les interventions nous avons eu un moment de recueillement à la mémoire de Christian Van Uffel, membre fondateur de DS. Son apport à la naissance et au développement de notre association fut capital.
Ultérieurement nous organiserons avec Colette, son épouse, une séance d’hommage pour rappeler son engagement dans la lutte pour la démocratie dans notre commune.

Jamal Khayar introduit ensuite les orateurs et présente les quatre thèmes retenus par le bureau de DS.

1. L’évaluation de dernières élections communales (2012).

Pour Catherine Moureaux (PS) le parti a pu incontestablement compter sur un apport de voix et un renforcement (13 élus et 25% des voix). Toutefois ils n’ont pas atteint les résultats escomptés. Parmi les étrangers, peu sont venus voter. Est-ce une politique délibérée de la majorité ? On peut se poser la question.
D’autre part ils ne sont pas parvenus à faire une alliance avec les autres partis ? Fallait-il en 2012, renverser les alliances comme en 2006, la question peut se poser…
Enfin elle rappelle (en fin de débat sur ce point) que la nouvelle majorité aura de grandes difficultés par manque de programme et de vision commune.

Georges Verzin (MR) : Une liste MR à coté de la liste FDF a été une bonne tactique et a permis au MR d’avoir 4 élus. Ce fut une stratégie claire de ne pas faire alliance avec le FDF. Les choses se sont compliquées avec la diabolisation du parti et les rumeurs répandues que le MR aurait signé un accord avec Laurette Onkelinx.
Pour l’avenir il faudra tenir compte de deux choses :
les finances communales sont mal en point et « dans le rouge »
nous avons à faire à une majorité qui s’entredéchire.

Axel Bernard (PTB+) rappelle que lors de ces élections il y a eu un glissement important vers la gauche, comme dans d’autres communes (Antwerpen, par exemple).
De plus, ces élections ont permis de repolitiser beaucoup de personnes qui sinon n’auraient pas voté.
C’est aussi la première fois qu’il n’y a plus d’élu d’extrême-droite à Schaerbeek.
Enfin il constate qu’une « nouvelle manière de faire de la politique » à Schaerbeek se manifeste de plus en plus par une participation citoyenne active aux conseils communaux.

2. L’enseignement ;
Questions de DS :
Dans la problématique de l’accueil scolaire réclamant davantage de places, la majorité semble privilégier l’accueil d’élèves supplémentaires dans l’enseignement technique et professionnel communal à Frans Fischer par rapport à l’enseignement général organisé à l’AFB et au lycée E. Max ?
Est-ce une volonté politique ? Quelle est votre position en la matière ?

Georges Verzin (MR) n’a pas cette impression pour les raisons suivantes :
1.les trois institutions sont complètes
2.il n’y a plus de locaux disponibles là ni ailleurs
3.au lycée E.Max, nous venons de construire une salle de sport (ouverte au quartier en dehors des heures de classes) et quatre salles de classe supplémentaires.
Le boom démographique 2012-2020 se fera surtout sentir dans l’enseignement primaire et maternel et en 2020-2025 seulement dans l’enseignement secondaire.
Le plan d’investissement pluriannuel de la commune, la majorité donc, prévoit un montant de 50 millions alors que la commune ne dispose effectivement que de 9 millions. Plutôt de l’esbroufe !?

Axel Bernard (PTB+) confirme que l’accueil à Frans Fischer a augmenté et que c’est un choix politique de la majorité. Cela demande toutefois plus d’encadrement et comme nous ne disposons pas d’un cadastre de l’augmentation des élèves pour les différentes écoles il est difficile de savoir quelle politique est menée. Enfin nous ne savons rien au sujet de la 4ème école communale sur le site de la gare Josaphat.

Pour Catherine Moureaux (PS) l’enseignement est un défi majeur pour l’ensemble de la Région Bruxelloise. Cela nécessite une politique volontariste pour ne pas sélectionner et discriminer. Quant à la commune, elle n’aurait pas profité de subventionnements possibles à la Commission française et à la Commission communautaire commune, ce qui a mené à la liquidation de la promotion sociale.
En ce qui concerne le plan « école » et le plan « crèches » il y a eu de grands retards, un aveu politique de la faiblesse de l’ancienne majorité.

Georges Verzin (MR) (ancien échevin de l’enseignement) a toutefois cru bon de rappeler à ce propos, que pour faire face à ce boom démographique il avait déjà
ouvert deux classes (conteneur) à l’école 16 (bd Léopold III) et que la ville de Bruxelles avait obtenu 1.000 places supplémentaires alors que Schaerbeek n’en avait obtenu que 450. Nous avons été manifestement mal traités.
De plus à l’école Frans Fischer un Centre de Chimie avancée a été ouvert, financé par la Communauté française et le fédéral.
Enfin beaucoup de ses demandes antérieures n’ont pas été entendues par le bourgmestre.

3. Aide sociale, CPAS
Question de DS
Quel est le diagnostic de l’opposition par rapport au CPAS, son financement, les différents publics qui ont besoin de lui ?Quid de l’augmentation importante de la demande d’aide sociale ? De la politique d’activation, des étudiants et sans papiers ?…

Axel Bernard (PTB+) soulève les points suivants qui rendront le fonctionnement du CPAS encore plus difficile :
l’intervention de la commune va diminuer de 50.000€ pour les frais de fonctionnement
la charge de travail des assistants sociaux (AS) ne fait qu’augmenter
l’assistance médicale urgente est problématique
l’accueil et le suivi des dossiers par AS ne font qu’augmenter.
En priorité devraient être abordées la question de l’impact de la dégressivité du chômage et les conséquences pour le CPAS.

Catherine Moureaux (PS) souligne les points suivants :
la diminution du budget alloué par la commune au CPAS (- 50.000€) va entrainer la diminution de la politique sociale propre à la commune
le personnel est surchargé (absentéisme, dépressions, maladies)
le « dossier unique » n’est toujours pas d’application ; absence de volonté politique en la matière
beaucoup d’allocataires sont découragés dans leur demande d’aide
absence de politique pour le service « insertion socioprofessionnelle ».

Georges Verzin (MR) rappelle que Mme Decoux est au pouvoir depuis 10 ans, que les questions de l’insertion professionnelle restent problématiques et que le dossier unique n’a jamais été mis en œuvre. Un nouveau bâtiment pour la Maison d’Action Sociale (MAS) est prévu….
Il est grand temps (1) de faire un audit structurel et financier du CPAS, (2) d’aborder le problème général du financement des CPAS en RBC et de s’interroger sur l’absence de réponse de l’ensemble du pouvoir politique bruxellois en ces matières.

4 La vie harmonieuse entre communautés

Question de DS
Cette question est un gros défi pour Schaerbeek : comment le pouvoir politique, les formations politiques peuvent-elles favoriser la cohabitation harmonieuse, le bon voisinage, les contacts, la connaissance mutuelle, l’acceptation des différences ? Comment éviter le communautarisme ? Comment voient-ils leur rôle sur cette question ?

Georges Verzin (MR) souligne qu’il s’agit là d’une responsabilité de la commune. Les écoles de devoir sont de grande importance, mais trop de monde ‘travaille dans son coin’ (les écoles, les quartiers, etc.). Il est nécessaire de créer un Conseil local de dialogue interculturel, qui s’interroge sur le ‘comment aller ensemble plus loin sur base d’un socle commun de valeurs’, celles des droits de l’homme, de l’égalité Femmes-Hommes, etc. Au sein de l’administration communale, il faut une séparation complète du « droit » et de la « foi ».

Catherine Moureaux (PS) insiste sur le fait que les médias n’ont pas toujours eu un rôle favorable quand ils traitent ces questions. Cette ‘vie harmonieuse’ implique une action sur plusieurs plans :
tout d’abord la prééminence du ‘socio-économique’ pour aider les gens dans les quartiers, et ensuite le ‘culturel’
le développement d’une ‘identité schaerbeekoise’
circonscrire la ‘place du religieux’ et arriver à aborder la question de faire comprendre que culture et religion sont des choses différentes
voir comment inscrire tout cela dans l’espace public, l’urbanisme, l’enseignement, etc.

Axel Bernard (PTB+) souligne le fait que cette vie harmonieuse ne peut se réaliser :
dans des quartiers extrèmement pauvres ;
avec des grandes difficultés de logement et des loyers trop chers ;
l’interdiction de distribuer des vivres faite à des groupes musulmans (à la gare du Nord) va renforcer encore la stigmatisation de certaines communautés ;
une taxe de 100€ pour une demande de régularisation de ‘sans papiers’ va à l’encontre de l’instauration d’une vie harmonieuse ;
il existe un problème général de discrimination et il n’y a pas de politique volontariste pour renverser le cours des choses ;
il est nécessaire d’avoir un « plan de diversité » plus offensif.

Au cours du débat qui s’ensuivit, les points suivants ont encore été abordés :
la nécessité de mettre en commun des actions conjointes entre le CPAS et la commune pour une politique culturelle commune: par exemple « printemps turcs » + « printemps arabes » +…
sans une amélioration de l’accueil en maternelle., il y aura une aggravation des inégalités surtout pour les familles monoparentales
l’attitude de la commune par rapport à deux jeunes partis en Syrie, en oubliant tous ceux qui résident, étudient ou travaillent dans la commune, ne fera que renforcer les amalgames et les stigmatisations
suite à l’adoption par la commune de la ‘Charte d’Amnesty international’, il est nécessaire d’apporter maintenant des dossiers concrets si nous ne voulons pas que cette déclaration soit de pure principe.