article: Eléments pour une démocratie participative

La démocratie ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, mais comment se servir de la démocratie ? That is the question ! Bien sûr, la possibilité d’élire périodiquement ses représentants est un moment important pour la mise en pratique de la démocratie, moment nécessaire mais qui est loin d’être suffisant pour un contrôle citoyen efficace. Alors, comment participer effectivement à la prise de décision politique ?

La dernière assemblée de Démocratie Schaerbeekoise s’est efforcée de répondre à cette question, du moins en ce qui concerne les compétences communales. Je voudrais réagir à certaines réflexions émises à cette rencontre, notamment à partir du cadre proposé par (à compléter) pour susciter la participation des citoyens..

Au départ, il y a les besoins exprimés lors de consultations de la population ; sur la même ligne sont suggérés des éléments de réponse à ces besoins, le tout souvent pour conforter une ligne politique déjà élaborée. Le critère à retenir pour ce premier moment : les solutions évoquées sont-elles bien à même de répondre efficacement aux besoins exprimés. Il s’agit d’un critère de pertinence , mais on est encore bien loin d’une décision. Comme les besoins sont illimités, les réponses à proposer ne le sont pas moins et il en résulte dans les meilleurs cas qu’un catalogue de bonnes intentions dont un bon exemple a été le programme de politique générale présenté par l’actuelle majorité communale après les dernières élections : tout semblait possible puisque l’on ne définissait pas de priorités ni surtout les moyens à mettre en œuvre pour les réaliser. Le citoyen, qui a bien été consulté lors des élections ne peut qu’être frustré puisqu’il ne voit pas comment la liste ou les personnes pour lesquelles il a voté va pouvoir réaliser les projets qui lui tiennent à cœur.

Interviennent alors les « experts ». Le rôle de ceux-ci ? Examiner la viabilité des solutions proposées : dans quelle mesure les réponses proposées respectent-elles un ensemble de contraintes dont ils sont censés détenir l’expertise. Il y a des contraintes techniques, des contraintes de personnel, des contraintes institutionnelles, des contraintes économiques et j’en passe sans oublier les (in)compatibilités reconnues entre ces divers types de contraintes. Vous ne suivez pas ? C’est normal puisque vous n’êtes pas « experts » ! Les questions que je me pose alors : qui paie ces experts ? Pour qui roulent-ils ? De qui dépendent-ils ? Comment et par qui seront-ils eux-mêmes évalués ? Pourquoi on s’est aperçu brusquement peu après les élections que les finances communales conduisaient à la catastrophe ? Ne le savait-on pas avant ? Quelles conséquences pour l’ambitieux programme développé quelques mois avant ? Question subsidiaire : les citoyens ordinaires, de préférence organisés, ne peuvent-ils pas aussi faire appel à des personnes compétentes dans les domaines qui les intéressent ? Ne peuvent-ils pas aussi disposer d’informations pertinentes et fiables pour étayer leurs propositions ? Si le mouvement ouvrier a pu dans le passé marquer des points, cela a été souvent grâce à la « trahison d’experts », de personnes qui ont mis leurs connaissances et leurs compétences au service d’autres groupes que les minorités possédantes, de ceux que GRAMSCI appelait autrefois les intellectuels organiques. D’où l’importance souvent décisive de pouvoir s’appuyer sur ces compétences sans se laisser impressionner par les arguments ou les chiffres lancés de façon péremptoire. Non seulement, vous pouvez avoir un avis, mais votre avis peut et doit être solidement argumenté quant à sa viabilité : il peut tenir la route.

Reste un troisième moment, éminemment politique, celui de l’opportunité des projets présentés. Vu qu’il n’est pas possible de réaliser à la fois tous les bons projets puisque les moyens en ressources humaines, techniques et financiers sont limités, il va falloir choisir ce à quoi il faut donner la priorité. Lorsqu’il est devenu évident que le déficit communal ne permettait évidemment pas de réaliser tout ce qui était dans le programme de la majorité, qui a défini les priorités politiques et en fonction de quels intérêts ? Chose curieuse, dès que cet exercice a été fait, on se rendit compte que la situation n’était pas aussi catastrophique que décrite quelques mois plus tôt. Et le brave citoyen tout compétent et organisé qu’il soit, que doit-il penser de tout cela sinon qu’il ne pourra peser à ce niveau spécifique qu’en développant un rapport de forces qui lui soit favorable : sur quels relais pourra-t-il compter ? Comment manifester son opinion ? Quels choix opérer en tenant compte des circonstances, de la sensibilité du public, des faiblesses ou des contradictions de « l’adversaire » ? Quels rapports avec les média ?

D’où ma conclusion, toute provisoire, pour Démocratie Schaerbeekoise, à l’approche des élections communales : voter ne suffit pas, il nous faut définir des priorités viables, examiner quelles personnes, quels partis, quelles alliances sont susceptibles de les mettre en œuvre et rester vigilants quant à leur exécution. On a évoqué lors d’une assemblée l’importance de l’information participative et de l’interculturalité effective dans les divers domaines de la gestion communale. Qu’est-ce que cela comporte au niveau du logement, de l’emploi, de l’enseignement, de l’urbanisme, de la mobilité, de l’administration et de la police ?

Soyons pertinents, développons des solutions viables et sachons faire le poids. Il y a du pain sur la planche d’ici octobre 2006.