Article: Assemblée Générale du 19 mai 1994 – Réponses des partis à notre questionnaire …

1. Nous devions commencer par les résultats du questionnaire, les points prioritaires à défendre dans la politique communale. Les membres de notre mouvement n’ont cependant pas reçu leur bulletin à temps pour pouvoir régir aussi vite. Les bulletins ont été déposés à la poste au début de la semaine avant l’Ascension mais n’ont commencé à arriver chez les abonnés, hormis ceux déposés par porteur, que le matin même de notre assemblée et pas chez tous. Dès lors nous présentons nos excuses pour ce retard et nous reportons les résultats de notre enquête à la prochaine A.G.2. Analyse des réponses des partis quant aux alliances possibles pour la constitution d’une majorité (cfr notre numéro précédent) par des experts indépendants:

Luc UYTDENBROECK communique la lettre de Jean Paul GAILLY qui écrit au nom de D.U.N.E.S (voir dans ce numéro).

Jean Marie FAUX nous fait part de ses réactions (cfr son texte écrit).

Pour Albert MARTENS, les réponses des partis mettent l’accent sur

  • la gestion de la commune;
  • l’immigration: sortir des idées racistes, ouverture à tous, notamment avec les belges d’origine étrangère.

Au niveau des pratiques sociales, on trouve deux tendances

  • refaire fonctionner les piliers liés aux partis traditionnels par les grandes organisations traditionnelles (mutuelle, syndicat, …);
  • Promouvoir les façons alternatives de participer à la vie sociale et politique (comités de quartier, …);

Vient enfin l’intervention d’André DEGAND (cfr son texte écrit)

3.Que pouvons-nous faire?

Nous sommes arrivés à un point où le règne de NOLS peut finir. Il est important de ne pas se laisser duper par Monsieur DURIAU.

Il y a six ans, Démocratie Schaerbeekoise présentait un espoir ambitieux qui n’a pas suscité d’enthousiasme délirant en réponse. Quelques personnes se sont engagées dans un grand travail.

En ce qui concerne le temps et l’énergie que chacun peut consacrer au mouvement, nous sommes limités. Il faut donc cibler notre action, arrêter de rêver et travailler de manière cohérente.

Nos projets:

  • réaliser un toutes-boîtes d’information: pas de programme à défendre, mais l’ambition de faire réfléchir aux enjeux de ces élections;
  • participer aux séances d’information organisées dans les comités de quartier, les groupes de jeunes.

La prochaines assemblée générale est fixée au mardi 28 juin prochain. Un groupe de travail composé de André DEGAND, Jean Marie FAUX, Luc UYTDENBROECK et Christian VAN UFFEL préparera un projet de toutes-boîtes.

Katty HEMELAER
Quelques réflexions sur les réponses des partis.

« Ma réflexion porte sur les réponses du F.D.F., d’I.D.S, d’Écolo et du P.S.C. Je me réfère uniquement à ces réponses; je n’ai pas eu la possibilité de me reporter aux programmes auxquels telle ou telle de ces réponses renvoient. Nous n’avions pas reçu de réponse de DUNES avant la lettre de J.P.Gailly que Luc Uytdenbroeck lut au début de la réunion. Je souligne encore que les réponses ont été données avant la « grande nouvelle » de la participation de Roger Nols à la liste P.R.L.

Les quatre réponses affirment clairement la volonté de changement : il faut mettre fin à 22 ans de « nolsisme ». Les raisons : d’une part gestion imbécile ou « non-gestion », d’autre part discours raciste et ringard.

Le F.D.F., I.D.S. et Écolo excluent explicitement l’Extrême-Droite, une liste qui accueillerait Roger Nols ou ses idées, enfin le P.R.L. nommément (ainsi I.D.S. et Écolo). Ajoutons qu’au lendemain de l’annonce de la participation de Nols à la liste P.R.L., le F.D.F. a pris immédiatement et clairement position.

Le P.S.C. a une formule plus générale mais probablement non moins claire : il ne peut en aucun cas être question de « faire l’appoint pour une reconduction de la majorité actuelle ».

Tous notent les convergences qui se sont marquées entre les différents partis de l’opposition (c’est la lettre d’Écolo qui fournit l’analyse la plus détaillée). Ils n’envisagent cependant pas d’alliance préalable ou de liste commune : l’électeur, écrit le F.D.F. doit pouvoir exprimer clairement son choix, les élus prendront leur responsabilité après. Le P.S.C rejette l’idée d’une unification de toute l’opposition actuelle.

Chacune des réponses semble considérer l’alliance post-électorale possible avec les autres partis de l’opposition; elle le serait aussi avec certaines personnes de la liste Duriau (et le bourgmestre lui-même). Mais tous soulignent l’ambiguïté de cette liste : à côté d’une certaine ouverture du bourgmestre et de quelques-uns, la liste comporte beaucoup de nolsistes fidèles et la gestion de la commune reste douteuse.

Que peut-on dire en conclusion ? Tout d’abord on peut acter, de la part des quatre partis qui ont répondu, auxquels on peut joindre le P.S.-Dunes, un rejet clair du P.R.L. La candidature de Nols a clarifié définitivement les choses. En termes d’arithmétique électorale, je crains qu’elle ait un effet défavorable en contribuant à unifier le vote raciste et conservateur.

Sans avoir étudié les programmes, je note dans l’expression des réponses une certaine timidité ou prudence concernant le thème de la population d’origine immigrée (30 à 35 % de la population jusqu’ici complètement laissée de côté sauf quand elle était utilisée comme cible). Les termes « étranger » ou « immi­gré » n’apparaissent pas.

Pour le fond, je note, dans les réponses des partis, trois thèmes essentiels. Le premier est la rénovation de la gestion de la commune : sortir d’une « gestion imbécile » (F.D.F.), mise en valeur et gestion de la commune (I.D.S.), modernisation et rénovation (P.S.C.), développement écologique (Écolo). Ce point est donc mentionné par tous mais on peut penser que dans la mise en oeuvre, sur des points concrets, les options pourront différer. Le deuxième thème est la participation des ci­toyens : I.D.S parle de « prendre l’avis des gens », Écolo de « démocratie participative ». Enfin il y a la reconnaissance de la présence des immigrés et issus de l’immigration : Écolo parle d’«intégration harmonieuse » et I.D.S. se propose de « réunir les Schaerbeekois sur ce qu’ils ont en commun et non plus les opposer sur ce qui les divise ».

Jean-Marie Faux.

« Avant de s’interroger sur la stratégie des partis en présence, il peut être utile de rappeler quelques aspects du système électoral belge.

1. Le nombre des conseillers communaux est fixé en fonction du chiffre de la population. C’est ainsi qu’à Schaerbeek, les 47 conseillers représentent 102.000 habitants. Parmi eux, il y a environ 37% d’étrangers : quelque part, on pourrait dire que 17 des 47 conseillers communaux devraient représenter les intérêts des étrangers de Schaerbeek. Les choses changeront peut-être dans six ans puisque un tiers d’entre eux, les ressortissants de la C.E.E. auront le droit de vote.

2. Pour les belges âgés de 18 ans au moins, le vote est obligatoire. Pourtant, à chaque élection, un certain nombre ne se rendent pas aux urnes. De plus, certains s’y rendent et n’émettent pas de vote valable (6,41% des votants à Schaerbeek en 1988, soit à peu près l’électorat du PSC).

3. Les mandats sont attribués à chaque liste selon un système de représentation proportionnelle, mais qui ne l’est pas strictement. Sans entrer dans les détails, le système avantage le ou les partis dominants surtout si les autres voix se répartissent entre beaucoup de petites listes.

4. Ce fut le cas à Schaerbeek lors des deux dernières élections communales : en 1982, NOLS obtenait 51,5% des voix et 64% des sièges (30 sur 47), en 1988, le même parti obtenait 45,9% des voix et 57% des sièges (27 sur 47). Si la représentation était strictement proportionnelle, NOLS n’aurait eu que 22 sièges et aurait perdu sa majorité absolue.

5. En 1994, la majorité actuelle se présente divisée et de ce fait, elle risque de perdre cette position, ce qui impliquerait une recomposition des alliances où chaque parti tenterait de se positionner de la façon la plus favorable, d’où l’intérêt de l’enquête menée par Démocratie schaerbeekoise. Rappelons que la majorité issue des élections de 1988 comportait 27 élus de NOLS et un élu du CVP; dans l’opposition,se retrouvaient 6 élus du P.S., 4. F.D.F., 4 écolo, 3 PSC et 2 IDS (sans compter les changements intervenus depuis lors).

Ceci dit, que peut-on retenir des diverses réponses reçues ?

1. En ce qui concerne le P.S., premier parti de l’opposition, on n’a reçu qu’une réponse tardive de la tendance DUNES. En dépit des bouleversements intervenus ces derniers mois, il représente toujours un électorat significatif dont le poids n’est pas négligeable.

2. Chacune des réponses reçues (Ecolo, FDF, PSC, IDS) insiste sur l’importance du programme; on ne s’y arrêtera pas ici pour privilégier les aspects de stratégie dévoilés par les uns et les autres.

3. Tous insistent sur la nécessité de renverser la majorité actuelle et déclarent ne pas pouvoir s’allier à sa composante nolsiste.

4. En dépit de réserves plus ou moins nettes, on sent que la liste du bourgemestre risque bien d’être le pivot de la nouvelle majorité. On peut rêver, mais il faut bien constater que Schaerbeek vote traditionnellement à droite et que cela sera sans doute encore le cas en 1994.

5. Ceci dit, si la majorité actuelle « perd la majorité », ce qui est possible, on peut imaginer trois scénarios :

  • un appoint venu de l’extrême-droite qui radicaliserait encore la politique anti-sociale du collège actuel;
  • un appoint venant du CVP et/ou d’une partie du PS (tendance Lalot), ce qui ne changerait pas grand chose;
  • un appoint venu d’un ou plusieurs autres partis de l’opposition, ce qui pourrait signifier un renforcement de la tendance progressiste de certains éléments de la liste du bourgemestre et c’est bien la grâce que je nous souhaite.