Article: La politique culturelle à Schaerbeek. Écho de l’assemblée générale du 4 novembre 2002

Une trentaine de personnes se sont retrouvées avec pour invité Monsieur Georges VERZIN, échevin de la culture à Schaerbeek. Ce dernier avait choisi, pour introduire le sujet, une vidéo consacrée au Printemps Turc, ensemble de manifestations qui se sont déroulées du 17 mars au 28 avril 2002 et qui s’efforçaient de présenter les multiples facettes de la communauté turque à Schaerbeek.
On est frappé de la variété et de la vitalité des turcs à Schaerbeek, originaires pour la plupart de la ville d’Emirdag et de ses environs : chants, danses bien sûr, mais aussi artisanat, cuisine, littérature, contes, cinéma, architecture (mosquées), vie associative, commerces, enseignement et politique communale puisque trois conseillers communaux sont d’origine turque.
Ces diverses expressions avaient pour but de donner une place publique à la vie de la communauté turque faisant ainsi de la culture au sens large un instrument de cohésion sociale et de dialogue.
Suivait un court extrait d’un reportage de la RTBF consacré à l’Enfant et la ville, où des jeunes étaient invités à prendre conscience de la réalité urbaine, à la repenser de façon à y trouver leur place tout en laissant de l’espace pour les autres.
Georges VERZIN rappelle alors quelle a été son action au sein de son échevinat ces deux dernières années : faire en sorte que les divers acteurs se rencontrent, leur proposer un avant-projet de politique culturelle (lequel a rencontré très peu d’échos), afin de générer à l’extérieur de la commune une image positive de Schaerbeek tout en faisant de la culture ce superbe outil apte à élaborer une nouvelle citoyenneté urbaine.

L’assemblée (et en particulier quelques invités pour leur engagement au service de la culture), était invitée à formuler ses questions parmi lesquelles il fallait choisir celle dont on débattrait. Plus d’une dizaine de propositions ont été formulées :
· Partant de la constatation que l’on n’arrive pas encore à mélanger les publics, à sortir les gens de leur ghetto, comment atteindre cet objectif ?
· Pourquoi refuser de parler d’intégration quand on évoque la culture ?
· Quel lien faire entre action culturelle et action sociale ?
· Et, à titre subsidiaire, comment Verzin se retrouve-t-il dans le même parti que Ducarme (allusion aux déclarations de ce dernier relatives à l’échec des politiques d’intégration) ?
· Qui veut le ghetto ?
· Faut-il culpabiliser ceux qui ne veulent pas sortir de leur milieu ?
· Faut-il s’adresser aux communautés constituées ou plutôt jouer davantage sur la transversalité, en invitant les individus à s’ouvrir à d’autres cultures ?
· La politique culturelle n’est-elle pas un brin sexiste, privilégiant les garçons par rapport aux filles ?
· Que fait-on pour démocratiser la culture, la rendre accessible à tous ?
· La culture doit-elle être vraiment un outil pour des problèmes non résolus par ailleurs ?
· Comment se fait-il que l’on n’a pas de vrai centre culturel à Schaerbeek, en lieu et place d’un centre “ culturelleke ” ?
· Pourquoi n’y a-t-il plus de bibliothèques publiques dans le bas Schaerbeek ?
· Dans quelle mesure Schaerbeek subsidie-t-elle ce qui se vit sur le territoire de la commune ? Autrement dit, y a-t-il de l’argent pour la culture à Schaerbeek ?
Devant cette avalanche de questions tournant autour de la culture comme outil d’intégration ou création plus gratuite à financer comme telle, Georges VERZIN aborde la politique culturelle communale en tant que gestionnaire de celle-ci.
Il constate d’abord que le budget qui lui est alloué est des plus minimes, suite à la politique d’austérité imposée à la commune : à peine deux millions de francs belges (dix fois moins qu’à Bruxelles ville) + quinze millions pour les bibliothèques publiques.
Alors plutôt que saupoudrer d’une aide insignifiante les innombrables associations de la commune, il préfère le partenariat avec d’autres communes (Evere, peut-être St Josse) afin d’atteindre une masse critique mieux financée par la Communauté Française ou la COCOF (ceci pour les bibliothèques qu’il espère étendre dans d’autres quartiers, notamment à la rue de la Ruche).
Autre perspective : le cofinancement permettant de monter des projets culturels plus importants (par exemple, Camping Sauvage ou le Théâtre jeunes publics).
Impossible dans ces conditions de construire un grand Centre Culturel pour préférer jouer extra muros, ceci à cause des contraintes budgétaires imposées tant au niveau communal que régional.
Malgré ce carcan, on fait des choses dans les bibliothèques : ateliers de lecture avec les femmes du GAFFI, etc.
Les déclarations de Daniel DUCARME ? Inacceptables dans leur formulation tout en constatant que les pouvoirs publics se sont longtemps déchargés sur l’associatif avant d’initier timidement des programmes d’intégration : c’est mieux, mais notoirement insuffisant et à cet égard, on peut dire que l’objectif n’a pas été atteint par manque de coordination et insuffisance de financement.

Arrivée à ce point, l’assemblée constate qu’elle a reçu beaucoup d’informations intéressantes, mais que l’on n’a pas pu débattre des questions soulevées. Comment envisager la suite ? Plusieurs suggestions sont émises :
· Mettre par écrit un certain nombre de réactions à propos des points évoqués : culture, outil d’intégration ? S’adresser aux individus ou aux communautés ? (à publier éventuellement dans le périodique)
· Réunir un groupe pour approfondir ces questions ?
· Envisager des assises de la culture à Schaerbeek ?
· Organiser une nouvelle assemblée sur l’un de ces points ?
Certains se refusent à enterrer le débat par des publications, des commissions ou des documents qui n’ont rien suscité. Intérêt pourtant de s’être rencontrés, d’avoir reçu un certain nombre d’informations auprès d’interlocuteurs privilégiés (que nous remercions vivement d’être venus), de mieux saisir des enjeux tout en regrettant de ne pas avoir pu aller plus loin : affaire à suivre ?

Il restait un point important à l’ordre du jour : la procédure de renouvellement du Bureau de Démocratie Schaerbeekoise. Le Bureau est ce petit groupe de personnes chargé d’animer le mouvement, de le représenter entre les assemblées, de veiller à la publication du bulletin, au suivi des conseils communaux et d’autres groupes à tâches, etc. Il est élu pour des mandats de deux ans renouvelables une fois. Sont actuellement membres du bureau : Guy COSSEE de MAULDE, André DEGAND, Sylvie KEMPGENS (pour un 2e mandat), Sophie LAZARD, Elsa SALCIN et Marie-Ange THIRION.
Pour être élu, il faut être membre de Démocratie Schaerbeekoise (en règle de cotisation) et surtout adhérer à sa charte. On ne peut pas être mandataire au conseil communal ou au conseil de l’aide sociale, ceci pour garantir l’autonomie politique du mouvement.
On peut se porter candidat en se présentant personnellement ou en se “ faisant prier ”, c’est-à-dire après avoir constaté que plusieurs membres de l’assemblée estime votre candidature souhaitable (tout en vous laissant libre de l’accepter ou non). C’est à cet exercice qu’a été invitée l’assemblée. Après dépouillement des vœux de celle-ci, il a été constaté que les noms suivants ont été cités :
François BROUYAUX (10 fois), Luc UYTDENBROEK (9 fois), Colette SCHEENAERTS (7 fois), Sophie LAZARD, Elsa SALCIN et Christian VAN UFFEL (6 fois), André DEGAND (5 fois), Elisabeth COHEN et Claire MERGEAY (4 fois). Ont encore été cités : Hadi, Simon, Pierre, Felipe, Stéphane, Sylvie, Mohammed, Saïd, Marie-Ange, Sabrina et Lydia.
L’élection du nouveau bureau aura lieu à la prochaine assemblée générale le 25 février prochain. Il faudra élire au maximum six membres, lesquels devront chacun obtenir la majorité absolue des votants. Avis aux amateurs soucieux de rendre ce service au mouvement.

L’assemblée se termine par deux “ divers ” :
– une invitation à se joindre à une grande manifestation pour le droit au logement, le mercredi 4 décembre à 14 heures
– une invitation à ajouter sa signature à celle de plus de 500 schaerbeekois pour exiger du collège une position sans équivoque relative au maintien du Neptunium.