bulletin 101 (10-12 2012): Edito: Une majorité Saint-Nicolas à Schaerbeek

Cette année, pour la Saint-Nicolas, la majorité communale à Schaerbeek nous a offert un cadeau qu’on n’attendait presque plus : un programme de mandature ! Et à première vue, on pourrait presque croire qu’à l’instar de la NVA, Démocratie Schaerbeekoise a réussi à concrétiser son programme sans jamais participer au pouvoir…
Mais après une lecture attentive, peut-on dire que nous avons été gâtés cette année ? À vrai dire, il est difficile d’en tirer un jugement tranché. Des mesures positives figurent dans le programme mais, à côté de cela, il y a aussi des la-cunes voire des mesures susceptibles de nous inquiéter.

DES AVANCÉES EN MATIÈRE DE DÉMOCRATIE LOCALE
En matière de démocratie locale et de participation citoyenne, il faut noter, entre autres, plusieurs propositions positives :
– l’instauration d’un ombudsman pour traiter les plaintes des citoyens à l’égard de l’administration communale (p. 32).
– une plus grande décentralisation des services de police par la création d’un 6e commissariat (p. 17).
– davantage de démocratie au sein du Conseil de Police qui pourra dorénavant débattre du plan zonal de sécurité (p. 18).
– la diffusion du numéro de GSM des agents de quartier (p. 17).
– les sociétés intercommunales et les ASBL qui dépendent de la commune devront annuellement faire rapport de leurs comptes et de leurs activités devant le Conseil communal.
Rappelons toutefois que l’instauration d’un ombudsman figurait déjà dans l’ac-cord de 2006, sans avoir été réalisée pour autant. Un timing de la mise en oeuvre aurait donc été utile. Une avancée dans le sens d’un décumul des mandats n’aurait pas fait de mal non plus. Des panneaux d’information publics mis à la disposition du secteur associatif auraient aussi été intéressants, ainsi qu’une rubrique qui leur donnerait la parole dans le Schaerbeek Info.
Enfin, nous aurions apprécié que des mesures soient prises pour assurer un suivi sérieux et systématique aux interpellations citoyennes, ainsi qu’aux demandes émises par les instances de participation.

UNE POLITIQUE SOCIALE DU LOGEMENT. OUI MAIS LAQUELLE ?
Nous sommes heureux de constater que la question du logement occupe à présent une plus grande place que dans le programme de majorité précédent. Par contre, ce programme pêche par la faible considération qu’il accorde à la gravité de la crise sociale. Il faut d’ailleurs constater que le terme de « crise » lui-même n’est mentionné à aucun endroit du programme, ce qui nous inquiète quelque peu.
Sur la politique sociale du logement par exemple, le taux de logements sociaux dans la commune de Schaerbeek est un des plus faibles de la Région bruxelloise. C’est trop peu, il y a beaucoup de retard à rattraper. Or, nous sommes préoccupés par les mesures envisagées concernant la remise sur le marché des nombreux logements vides que compte la commune. Celles-ci nous semblent en effet trop timides pour répondre à l’ampleur de la crise. Par ailleurs, pourquoi un quota de logements sociaux ambitieux n’est-il pas imposé par exemple pour les futurs lo-gements du site de la gare Josaphat ? De manière générale, la majorité devrait s’engager dans un objectif similaire en ce qui concerne l’ensemble des logements sur le territoire de la commune.
Notons cependant que les jeux sont loin d’être faits puisqu’il est prévu l’élaboration d’un « plan logement » durant l’année 2013. Espérons que celui-ci nous sur-prendra à plus d’un titre par son ambition à endiguer la crise sociale du logement.

DES INFRASTRUCTURES ET UN PROJET POUR L’ÉCOLE SCHAER-BEEKOISE
L’essor démographique de la population bruxelloise est un défi majeur pour le secteur de l’enseignement. La majorité semble avoir pris la mesure du problème, mais les propositions qui sont faites dans le programme ainsi que les moyens qui seront investis suffiront-ils à faire face à la demande grandissante dans les écoles ? Nous aurions ainsi souhaité que la majorité s’engage concrètement, par exemple, à assurer que chaque enfant de 2 ans et demi puisse être scolarisé.
Quant aux aspects qualitatifs, nous avons des interrogations sur la direction que souhaite prendre la majorité. Par exemple, concernant la maîtrise des compétences de base à la sortie du primaire, nous saluons cet objectif louable. Mais quelles seront les mesures concrètes qui seront mises en oeuvre ? Une modification des grilles-horaires pour augmenter le temps d’apprentissage de certaines matières par exemple ? L’augmentation du taux d’encadrement pour permettre des apprentissages plus individualisés ? Nous regrettons le flou sur cette question importante.
De plus, une mesure nous inquiète particulièrement : « responsabiliser » les directions d’école en leur accordant davantage d’autonomie, en leur fixant des ob-jectifs et en laissant à leur appréciation le choix des moyens pour les atteindre (p. 23). Mais quelle serait la nature de ces objectifs ? Budgétaires ? Pédagogiques ? Concerneraient-ils aussi la politique de recrutement du public ? Et quelles se-raient les moyens mis à disposition des établissements pour parvenir aux objec-tifs fixés ? Quoi qu’il en soit, nous rappelons que l’école doit rester un service public fort dans lequel les autorités publiques doivent s’investir pleinement, tout en accordant aux équipes pédagogiques la liberté nécessaire pour s’adapter aux réalités scolaires locales.
À l’instar du logement, un « Plan de Développement » de nos écoles devrait être élaboré dans le courant de l’année 2013. Encore une fois, nous espérons que ce futur plan nous surprendra, tant sur les aspects quantitatifs que qualitatifs. Nous sommes en particulier impatients de voir quelle vision précise la majorité défen-dra en ce qui concerne le projet scolaire de son réseau d’enseignement. Rappelons que le défi est de taille, notamment en regard de l’héritage que nous ont légué certains prédécesseurs. Nous pensons notamment à Louis Bertrand qui avait fait preuve de volontarisme en oeuvrant ardemment à l’émancipation des femmes et des enfants à travers l’institution scolaire.

MOBILITÉ
Nous nous réjouissons des louanges de la nouvelle majorité envers les piétons. Une petite phrase comme « nous veillerons à ce que les voitures garées sur les trottoirs, les passages piétons, les espaces verts et les places publiques soient remorquées dans l’heure, jour et nuit » ne nous aurait pourtant pas fait de mal.
Défendre l’ouverture de nouvelles lignes de métro, tram et bus est également une bonne nouvelle pour les Schaerbeekois. Mais la majorité a-t-elle songé aux mesures qui empêcheront les transports en commun de rester bloqués dans le trafic automobile ?

CONCLUSION
Un texte émaillé de bonnes intentions mais souvent imprécis quant aux mesures concrètes à prendre et aux moyens à mettre en oeuvre : voilà une bonne façon de résumer notre analyse du programme de majorité.
Dans le but d’obtenir davantage de précisions sur leurs intentions, Démocratie Schaerbeekoise a donc décidé d’inviter les chefs de file de la majorité à une ren-contre lors de notre prochaine Assemblée générale. Tout citoyen désireux de s’informer sur la nouvelle politique communale y trouvera à n’en pas douter des réponses à ses questions.