Il y a six ans, Démocratie schaerbeekoise avait été inondée de courriers des lecteurs. Cette année: rien. Pourtant ce qui s’est passé n’est pas beaucoup moins cu-rieux que la dernière fois. Je nous envoie donc moi-même un courrier …
Il me semble que, dans toute la Belgique, seul Bart De Wever prenne plus de temps que Bernard Clerfayt pour former une nouvelle majorité. Que s’est-il pas-sé en coulisses ? Nous ne le savons pas. On peut juste, en regardant le résultat, imaginer que les Écolos sont tombés dans un double piège : celui de penser que le nombre d’échevinats de la dernière fois était leur droit naturel plutôt que la récompense exceptionnelle pour avoir, en 2006, cassé le préaccord secret avec le PS. ; et celui de se reposer sur le préaccord public de cette fois en faisant une campagne molle, sans profil, sans montrer aux électeurs quelles politiques un vote écolo pouvait renforcer … Mais qu’attendre d’une section locale qui s’est laissé endormir par une cumularde d’eurodéputée n’ayant pas intérêt à ce que les activités reprennent : elle n’aurait plus assez de temps pour les suivre.
Lors de notre dernière AG, M. Yvan de Beauffort se plaignait d’une campagne désagréable. Il a raison, mais c’est bizarre que cette plainte vienne de quelqu’un du « MR »… Certes c’est Olivier Maingain qui a scindé le MR en choisissant les intérêts présumés de la Périphérie contre ceux des Bruxellois et des Wallons. Mais, au niveau local, ce sont Georges Verzin, Yvan de Beauffort et compagnie qui l’ont fait. Les deux composantes du MR auraient facilement pu, il y a un an, décider, de se présenter séparément, tout en concluant un préaccord électoral. Vu les résultats, les deux partis valent plus de votes séparément qu’ensemble, ce sce-nario aurait même pu leur donner une belle majorité. Mais ici la locale du PRL décida de rester avec le FDF sous le sigle « Liste du bourgmestre » pour voir en-suite des dissidents PRL, sur ordre du grand chef, se présenter séparément sous le sigle du « MR ».
Cette décision a eu des effets désagréables. Les conseillers de l’ancienne Liste du bourgmestre ont dû décider sur-le-champ s’ils aspiraient à une carrière au-delà du niveau local, et donc choisir un parti national, ou s’ils se contenteraient d’une carrière locale, et donc choisir un camp qui n’a plus rien á dire aux niveaux supérieurs. Ensuite, le nouveau « MR » nous a fait la même blague que le PS en 2006 : faire une campagne d’opposition, en oubliant avoir été dans la majorité jusque là. Ridicule et vexatoire.
Un autre élément désagréable dans cette campagne : les mensonges. Surtout le mensonge commun au PS et au MR (à nouveau eux) selon lequel la majorité sor-tante aurait supprimé 1.200 places de stationnement pour les voitures. Personne n’a pu m’envoyer une liste de ces 1.200 places ! Ils savent donc que c’est un mensonge démagogue. L' »opposition » prétend que la pénurie de parking ne serait pas due à l’augmentation de la population mais à une politique délibérée de la commune. Heureusement, cette énormité n’a pas recueilli les suffrages.
Schaerbeek a urgemment besoin de logements bon marché et de bonnes écoles pour tous, que diable ! Que ce serait bien d’avoir ici une gauche sérieuse qui se mette au travail. Au lieu de ça, nous avons un PS qui se fait le premier défenseur de la bagnole partout. Un PS qui prend comme point de départ de la campagne que « Schaerbeek va mal », sans expliquer en quoi, et à l’encontre du sentiment de beaucoup que Schaerbeek est mieux gérée que d’autres communes bruxelloises … Veulent-ils suggérer que Schaerbeek allait mieux à l’époque où le PS local soute-nait Nols ?? Un PS qui est, lui aussi, dirigé par une cumularde qui montre encore moins de respect pour l’autonomie locale que cette autre mentionnée plus haut. Laurette Onkelinx s’est vantée pendant la campagne de son rôle de responsable de Beliris. Outre que son message sous-entendait un chantage scandaleux (« Si vous ne votez pas pour moi, je ne donnerai pas l’argent de Beliris à Schaerbeek »), elle se vantait aussi d’avoir augmenté le nombre des collaborateurs de Beliris de 20 à 100 personnes. Réalisons bien ce que cela signifie : une candidate bourgmestre d’une commune bruxelloise qui se vante d’avoir agrandi une institution-monstre, la réincarnation de l’ancien ministère des travaux publics, l’institu-tion-phare de la subordination de Bruxelles aux ordres des Wallons et des Flamands ; le but de cette organisation est de garder Bruxelles sous la tutelle de l’Etat fédéral et de refuser à la Région et aux communes l’argent qui leur est dû ; tout en mettant en oeuvre des projets qui coûtent le double de ce qu’ils coûtaient dans la régie des communes et qui durent deux fois plus de temps ; 100 per-sonnes qui travaillent à Beliris, ce sont 100 personnes en moins dans les communes, 12 personnes que la commune de Schaerbeek aurait pu engager si l’argent de Beliris avait été versé directement aux communes ! Imaginez l’efficacité d’un service communal de l’urbanisme augmenté de 12 cadres !
La Liste du bourgmestre a fait un trop beau score pour s’interroger elle-même. L’attaque du « MR » l’avait forcée à resserrer les rangs, à se serrer les coudes, ce qui l’a empêchée d’évaluer la qualité des échevins sortants … La scission a eu pour effet que la Liste du bourgmestre ne s’est pas remise en question, et n’a pas beaucoup renouvelé ses représentants au Collège. Dommage.
Quant aux petits partis : notre « Bazar à débats » a montré que nous mettons la barre trop haut pour les partis ne siégeant pas au Conseil communal : le N-VA n’a pas eu le courage de s’y montrer (dommage qu’ils n’ont pas eu d’élu : leur programme était original, par exemple la proposition d’enlever tous les feux de si-gnalisation de la Place Meiser pour « améliorer la fluidité du trafic » me semblait mériter d’être testée) ; quant au PTB et aux Pirates, au Bazar à débats, ils ont donné l’impression d’une formidable ignorance des dossiers … Pourquoi pas un peu plus d’animation au Conseil communal, mais ils ont du travail avant de pouvoir contrer un Bernard Clerfayt ou un Denis Grimberghs !
A ce propos, le CDH local montre aussi un visage assez étonnant : on peut se demander si, derrière leurs quatre conseillers sortants de grande qualité, il existe encore un parti et un ancrage communal. Le score électoral laisse soupçonner que ce n’est peut-être pas le cas…
En général, le plus dérangeant, c’est le manque de choix politique que présentent de telles élections. Les listes tiennent ensemble par des réseaux sociologiques, pas par des programmes, des convictions ou des idéologies. Pour qui voter si vous voulez plus de zones piétonnes? Bernadette Vriamont au SPa ou le NV-A. Pour qui voter si vous voulez, au contraire, transformer les places, espaces verts et trottoirs en parking? Bernard Guillaume sur la LB, MR, PS etc. Comme un vote pour un candidat est de fait un vote pour sa liste, un vote pour le défenseur d’une certaine idée se trouve ainsi toujours être également un vote pour quelqu’un qui défend le contraire ! Qui s’étonne encore que les étrangers ne sachent pas pour qui voter et ne vont dès lors pas voter? La prochaine fois, s’il-vous-plaît, un peu plus de cohérence idéologique ….