article: Les élections à Schaerbeek, victoire de la démocratie ?

Pour commencer, trois raisons de se réjouir :

1.Un accroissement de 11% du nombre d’électeurs, dû bien sûr à la lente augmentation de la population, mais aussi à l’effet des naturalisations et de l’extension du droit de vote aux non belges, européens ou non, et c’est une première victoire pour la démocratie.
2. Autre raison de se réjouir : un taux de participation en nette hausse à Schaerbeek, soit 84,6% contre 76,9% en 2000. Dans le même sens, on notera une diminution significative des votes blancs : 4,3% en 2006 contre 5,5% il y a six ans.
3. Enfin, et ce n’est pas pour gâcher notre plaisir, un net recul de la liste Demol qui passe de 8,51% des votes à 4,07% en 2006, lui faisant perdre 3 des 4 sièges obtenus il y a six ans (le quatrième siège ayant été acquis de toute justesse).

Pour suivre, il importe de faire un bref retour en arrière.

On se rappellera que la campagne électorale de 2000 avait été dominée par le conflit entre le bourgmestre sortant, Francis Duriau et la liste MR-FDF emmenée par Bernard Clerfayt. Même si le score cumulé de ces deux listes (8+16=24 sièges sur 47) leur aurait permis de gouverner ensemble, Bernard Clerfayt a préféré gouverner avec Ecolo qui avait enregistré un excellent résultat (avec 11 sièges) et le PS (5 sièges).
La suite de la législature allait réserver des surprises dont Schaerbeek semble avoir le secret : pas moins de trois conseillers (venant d’Ecolo, du CDH et du MR-FDF) allaient rallier le PS (qui passait ainsi à 8 sièges) et surtout, toute la liste Duriau allait rejoindre la majorité laissant au seul CDH le soin d’assurer l’opposition démocratique. Ce ralliement conjugué au fait que le bilan de la gestion communale s’avérait globalement positif, pouvait faire espérer à la nouvelle liste du bourgmestre (Clerfayt) une confortable majorité.
C’est pour contrer cette éventualité que débarque à Schaerbeek la vice-première ministre Laurette Onkelinx avec le dessein non dissimulé de ravir le maïorat à Bernard Clerfayt, ce qui exigeait un renversement d’alliance. Ce que l’électeur ignorait, c’est qu’un accord préélectoral secret avait été signé en ce sens liant le PS, le CDH et Ecolo s’ils obtenaient une majorité suffisante (ce qui n’avait pas été avoué à Démocratie Schaerbeekoise qui avait pourtant explicitement poser la question aux trois partis concernés). Selon moi, cette pratique constitue incontestablement une défaite pour la démocratie dans la mesure où l’électeur ignorait comment son vote allait être utilisé.

Qu’en était-il au soir du 8 octobre ?

Deux composantes de l’Olivier virtuel avaient tout lieu de se réjouir : le PS qui passe de 11,75% à 25,16% et de 5 à 13 sièges (Laurette Onkelinx obtenant 5.083 votes de préférence) et le CDH passant de 7,46% à 10,09% et de 3 à 5 sièges, la surprise venant du recul d’Ecolo de 20,68% à 13,79% et de 11 à 6 sièges, soit un total de 24 sièges contre 22 pour la liste du Bourgmestre.
En dépit d’un score impressionnant de 12.354 votes de préférence, Bernard Clerfayt n’arrivait donc pas à la majorité absolue que pouvait lui faire espérer le ralliement de l’ancienne liste Duriau. De ce fait, Ecolo et le CDH devenaient les arbitres de la situation dans la mesure où la polarisation de la campagne autour du conflit Onkelinx – Clerfayt pour le maïorat rendait improbable une alliance PS – MR – FDF.
Très rapidement, Isabelle Durant choisit de renoncer à un Olivier jugé trop vulnérable pour rejoindre la liste du bourgmestre. Elle en fait payer chèrement sa participation, exigeant 5 échevinats sur 12, avec toutes les conséquences que l’on connaît pour la constitution d’autres majorités à Bruxelles.

Et l’avenir ?

Si quelque part les gagnants (PS et CDH) manquent le pouvoir tandis que les perdants (Ecolo) s’y maintiennent, peut-on dire que la volonté des électeurs ait été respectée ? Et ceux-ci ont-ils été correctement informés dans la mesure où l’existence d’un accord préélectoral leur a été cachée ?
Et que peut-on attendre de la nouvelle majorité ? Pour le moins, une « poursuite du changement » annoncé par Bernard Clerfayt avec un enjeu de taille pour Ecolo : sera-t-il capable d’imposer sa marque dans les arbitrages qui s’imposent ? Par ailleurs, on peut espérer une vigilance accrue de l’opposition démocratique forte dorénavant de 18 conseillers.
Question subsidiaire : combien de fois Laurette Onkelinx siègera-t-elle au Conseil Communal de Schaerbeek qu’elle a passionnément courtisé ? Cela aussi constitue un enjeu pour la démocratie.

André DEGAND
Texte rédigé le 9 octobre 2006.