Schaerbeek reste unique….
Une fois de plus, notre commune s’est singularisée et a fait la « une » de tous les médias.
On a connu la politique ouvertement raciste de Roger Nols, ses guichets anti-flamands et son abandon des quartiers populaires. Puis, on eut droit aux pratiques de cow-boy du commissaire de police, Johan Demol, qui, aussitôt éjecté de sa charge, s’engagea dans les rangs du Vlaams Blok/Belang et fit de Schaerbeek sa base arrière.
A peine remise de cet épisode lamentable et du meurtre d’un couple marocain par un octogénaire d’extrême droite, la commune tenta d’améliorer son image, en développant une nouvelle politique urbanistique et sociale qui tint enfin compte de l’ensemble de ses habitants. La majorité sortante, M.R. – Ecolo – P.S., d’abord chaotique et divisée, gagna en sérénité et en cohésion et offrit, de l’avis général, un bilan globalement encourageant.
Après Hutchinson et Ducarme, L.Onkelinx est prise de passion…
Toutefois, la paix civile ne dure jamais longtemps dans la cité des ânes. Le « méga-parachutage » d’une vice première ministre s’annonce. Son plan de carrière passe par Schaerbeek, brouille toutes les cartes et transforme un scrutin classique en un duel entre deux personnalités, qui polarisera l’attention générale au détriment des autres partis et candidats.
Mais l’électeur n’avait pas tout entendu. Au soir du vote, il apprend qu’un accord préélectoral avait été signé par les trois partis de l’ « Olivier » ( PS – cdH – Ecolo ), dès septembre 2005.
Soyons clairs : les adhérents de « Démocratie schaerbeekoise » ne sont pas par principe opposés à l’existence même de cet accord, mais bien évidemment à son caractère secret. On se rappellera qu’en juin dernier, D.S. avait posé la question précise des futures alliances aux têtes de liste des partis. Relisez leurs réponses édifiantes dans le numéro 76 de notre périodique !
Inutile de dire la stupéfaction de notre mouvement et des électeurs face à cette absence totale de transparence démocratique !
Une fois le document signé et resté caché et les résultats connus, le mal était quasiment fait : l’éthique en prenait un sacré coup. Ou bien les partis trahissaient leur parole ou en donnaient au moins l’impression, ou bien ils bafouaient le choix des électeurs, qui, dans le combat des chefs, avait massivement donné la victoire à Bernard Clerfayt. Il est même probable que la divulgation de cet accord pendant la campagne aurait donné une majorité absolue à ce dernier, certes grâce à ses mérites personnels, mais aussi et surtout par suite du rejet indiscutable de la greffe Onkelinx.
Tenants d’une politique progressiste, une grande majorité des membres de D.S. serait sans doute favorable à une coalition de type « Olivier ». Mais la donne avait complètement changé à Schaerbeek en raison du débarquement incongru de la vice première ministre. Et la personnalité du bourgmestre sortant, qui n’a pas de leçon de progressisme à recevoir des leaders de l’ « Olivier », a fait le reste.
Mais comme rien n’est tout à fait blanc ou noir, il n’est pas interdit de relever que certains colistiers du bourgmestre dégagent encore un fumet nolsien malodorant. On nous rétorquera que « des taches brunes » salissent d’autres partis à des degrés divers et mettent aujourd’hui en ébullition certaines sections locales de partis.
La vigilance s’impose donc pour l’avenir.
Ecolo a, nous semble-t-il, fait le bon choix, en respectant d’abord le souhait des électeurs mais les conditions dans lesquelles la nouvelle coalition s’est constituée, sont démocratiquement malsaines. Et injustes dans ces effets collatéraux : le rejet dans l’opposition du cdH et du PS, deux des vainqueurs du scrutin, celui des écolos à Bruxelles-Ville ainsi que l’installation de multiples coalitions « Violette » au détriment de l’ « Olivier ». On peut toutefois espérer que ce changement de tendance n’atteindra pas le pouvoir régional bruxellois.
Tout ne va pas si mal …
Les élections communales nous ont procuré plusieurs sujets de satisfaction :
– L’électorat schaerbeekois s’est considérablement accru : en 6 ans, on est passé de 54.262 à 60.313 électeurs. La population a augmenté et la citoyenneté s’est étendue aux résidants non européens.
– Autres signes de santé démocratique : le taux de participation est en hausse et les votes blancs et nuls ont sérieusement baissé.
– L’indicateur le plus réjouissant est évidemment la chute en sièges (de 4 à 1 !) et en voix (de 9,8 à 6 %) des listes d’extrême droite (V.B. ou Demol + F.N. + F.N.B.).
Le score personnel de Johan Demol s’est effondré d’une élection communale à l’autre.
Résultat remarquable à Schaerbeek, qui s’explique d’abord par la transformation sociologique de la population et l’élargissement de l’électorat, mais aussi par la bonne gouvernance de la majorité sortante.
– l’arrivée importante de nouveaux élus de communautés nationales étrangères, qui manifestent opportunément la diversité multiculturelle de la commune. Bien sûr, certains partis ont sélectionné leurs nouveaux candidats d’origine étrangère d’une manière précipitée et déséquilibrée ( cfr la liste des nouveaux élus), voire clientéliste : quelques uns d’entre eux risquent de se caractériser plus par la qualité de leur carnet d’adresses que par leur maturité politique ! Toutefois, c’est aussi le cas avec nombre d’élus « belgo-belges ».
Il y a certes eu un vote « communautariste » – qui devrait sans doute se réduire au cours des prochaines échéances électorales – , comme nous avons connu et connaissons encore un vote populaire, un vote bourgeois, un vote des indépendants, etc… Pourquoi s’en étonner ?
La couleur de l’avenir : amarante, bleue et verte
En 2007, un nouveau conseil communal sera installé et un nouveau Collège bipartite sera aux manettes avec, face à lui, une opposition démocratique, forte de 18 personnes.
Notre vœu est que la nouvelle majorité fasse preuve de cohésion, de créativité et d’esprit participatif au cours des six années à venir.
Nous souhaitons aussi que l’opposition joue activement son rôle et surtout que ses représentants ne s’évaporent pas progressivement, découragés par leur exclusion du pouvoir.
On s’apercevra très vite si la passion schaerbeekoise, qui brûlait le cœur de nombre de candidats pendant la campagne, ne s’est pas éteinte. Rendez-vous aux prochains conseils communaux.
D.S. rappelle sa suggestion qu’on adopte rapidement une réglementation communale contre les parachutages préélectoraux, qui ne permette d’exercer les charges exécutives de bourgmestre et d’ échevins qu’après 5 ans de résidence continue dans la commune concernée. De la même manière qu’on a imposé, avec raison, ce critère de résidence pour les électeurs non européens.
Un temps bien nécessaire pour l’apprentissage et une sorte de délai de décence !