Article: Péripéties pour l’aménagement de l’ICR*12 à Schaerbeek

Au printemps 2001, le projet d’Itinéraire Cyclable Régional (ICR) n°12 était soumis à l’enquête publique. Une réunion d’information concernant plus précisément la place Colonel Bremer a également eu lieu pendant la durée de l’enquête. Avis et opinions ont pu être exprimés lors de la Commission de concertation : on y a entendu que tout le monde était cycliste, mais certains voulaient voir les pistes cyclables sur les trottoirs ! Il n’y a pas eu de remarques concernant le rond-point Chazal mais nous avions posé la question de l’assurance du respect de la bande-bus.
Concernant la place Bremer, les commerçants ont fait circuler une pétition contre le projet (à cause de la suppression du stationnement en épi devant leurs vitrines), tandis qu’un riverain a fait circuler une pétition pour soutenir le projet (convivialité pour les piétons). Cette deuxième pétition a notamment été remise en mains propres à M. Van Gorp, qui a félicité son auteur de son engagement pour son quartier !
En tant que cyclistes, nous souhaitions la meilleure convivialité des lieux possible pour fréquenter l’ensemble de l’espace (pour le passage, pour mener des achats et pour la fréquentation de l’école), notamment par une largeur carrossable du rond-point réduite à une largeur correcte pour intégrer la circulation à vélo dans la circulation motorisée sans susciter de dépassement.

Avril 2002, le permis d’urbanisme a été délivré en intégrant une bande de livraison de 4m de large sur l’espace destiné au cheminement piéton devant les principaux commerces de la place Bremer. Fin septembre 2002, les travaux commencent au boulevard Wahis.

En novembre 2003, nous apprenons que le Collège, sous l’instiga-tion de l’Echevin des Travaux Publics, a pris la décision, à la majorité et en l’absence de l’Echevine de la Mobilité qui était grippée, de demander à l’administration régionale en charge de la réalisation des Itinéraires Cyclables Régionaux de modifier les aménagements projetés sur la partie ‘Chazal’ de l’ICR 12. Soit la suppression du site propre pour les bus 54 et 65, site propre cyclable, et modification des avancées de trottoirs afin d’aménager 2 bandes de circulation sur ¼ du rond-point. Il est vrai que, depuis près de 2 mois, nous sentions une certaine nervosité dans le chef de l’échevin en question, M. Van Gorp, et donc nous nous étions assurés auprès du bourgmestre de sa position sur le sujet.
Mais nous avions sous-estimé les capacités d’action de l’échevin et également peut-être surestimé la résistance à laquelle il aurait dû être confronté. Car, il refusa le permis de chantier et mit le cabinet du Ministre des Travaux Publics Jos Chabert sur la voie de la ‘négociation’ : tu refuses de nous accorder le permis de chantier, mais cet ICR je dois pouvoir l’inscrire dans mon bilan pour les élections prochaines, que dois-je faire pour que tu m’accordes ce permis? (Interprétation militante de notre part) Et le cabinet du Ministre accède à la demande! Notamment par méconnaissance du dossier : il croyait que la bande-bus ne serait que marquée au sol et donc il considérait qu’elle ne serait, de toute manière, pas respectée (sic).

Dès lors, branle-bas de combat dans notre section du GRACQ (Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens) : nous envoyons un courrier au bourgmestre et à chaque échevin, dans lequel nous exprimons fortement notre désapprobation quant à la décision du Collège et au non-respect du processus démocratique de décision. Nous y mentionnons également le travail d’information que nous allons effectuer vers l’ensemble des citoyens pénalisés par cette décision notamment par la recherche d’alliés: les familles dont les enfants pratiquent le vélo, notamment via le ramassage scolaire pourtant soutenu par le Collège, les cyclistes qui passent par ce carrefour (très proche d’un lieu de comptage pour l’Observatoire du vélo à Schaerbeek), les parents de l’école, sise face à ce rond-point, qui verraient apparaître un large rond-point (allongement des traversées piétonnes, augmentation du danger lors des traversées par des véhicules qui doublent d’autres véhicules à l’arrêt) et les usagers des transports en commun. Nous faisons également référence au programme de majorité. Un courrier semblable est envoyé au Ministre bruxellois des Travaux Publics, Jos Chabert.
Une action médiatique pour mettre en évidence les bienfaits d’une bande-bus cyclable (gain de temps pour x personnes transportées par les véhicules de la STIB et sécurité améliorée pour les cyclistes) est envisagée.
Deux jours plus tard, je croise fortuitement M. Van Gorp et nous avons une petite discussion. Dès le lendemain, il provoque une réunion en interne à l’administration communale d’où il ressort une nouvelle volte-face. Marche arrière à nouveau, et qui passe par une nouvelle décision du Collège communal. Ensuite, une réunion est organisée avec l’administration régionale (AED- Administration de l’Equipement et des Déplacements). La nouvelle décision de la Commune de Schaerbeek y est confirmée alors que le cabinet du Ministre Chabert travaillait toujours dans l’optique d’une modification de plans.
A défaut d’être admis à cette entrevue, nous avons fait part de nos revendications (nos priorités concernant les décisions urbanistiques qui se rapportent à la mobilité, et les mesures conseillées par les Etats généraux à la Sécurité routière) et avons réalisé 2 comptages1. Ces observations ont permis d’objectiver la discussion du fait notamment que les bus perdaient 2 à 4 minutes pour parcourir quelque 200 mètres.
Il a finalement été décidé que la partie centrale du rond-point serait adaptée (bordure franchissable comme un site propre) et un essai de la bande-bus serait mené pendant 6 mois (il ne fait aucun doute du résultat de l’essai mais cela permet à la Commune de sortir la tête haute de la situation!). Dès lors, l’action médiatique envisagée n’avait plus lieu d’être.

Pour la place Bremer, la situation est plus corsée : toujours pour la même raison, les commerçants ont remis en cause le permis et l’Echevin des Travaux Publics a embrassé leur cause. Il y aurait une pétition de 1800 signatures pour défendre cette position (18x plus que les précédentes!) ! Qui a signé ? Quel texte ? Et où est cette pétition ? Nous ne savons pas ! Mais M. Van Gorp, pendant un congé du Bourgmestre, a élaboré un contre-projet qu’il a soumis, en toute-boîte, aux habitants du quartier et en leur proposant de déposer auprès des commerçants de la place Bremer des lettres de soutien à son projet. Quid de ceux qui ne sont pas d’accord ? Lors de la nouvelle séance d’information (30 mars 2004), nous n’avons pas eu de réponse à cette question et nous n’avons pas su combien de lettres de soutien ont été remises. Une présentation technique du contre-projet n’a même pas su être faite. M. Van Gorp et M. Clerfayt n’ont même pas su répondre sereinement aux premières questions tellement ils étaient sur la défensive.

Tout cela nous a confirmé, à nous membres actifs du GRACQ et de la Ligue des Familles, de devoir interpeller publiquement l’ensemble des membres du Conseil communal2 afin de leur faire savoir que nous ne pouvons permettre la mise à mal de ces principes de démocratie élémentaire :
– la participation citoyenne doit être respectée par tout élu;
– les principes de la collectivité priment dans l’intérêt des plus vulnérables.

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1Le16/12 de 8h à 8h45 : 282 véhicules transportant 371 personnes + 11 bus transportant 256 clients + 37 cyclistes ; et 18/12 de 7h30 à 8h45: 440 véhicules pour 616 personnes + 21 bus pour 460 clients + 38 cyclistes. Un rond-point sature à partir d’une fréquentation supérieure à 1500 véhicules/heure.
2Ndlr—Il s’agit de l’appel à interpellation que nous avons diffusé par les Brèves n° 29 du début du mois de mars. Cette interpellation se fera le mercredi 28 avril 2004, nous en ferons échos dans notre prochain bulletin.

par Luc DEGRAER
président de la section du GRACQ-Shcaerbeek