Voici un résumé d’une première entrevue que l’échevin a accordée au groupe « jeunesse-intégration ». Michel De Herde a tout d’abord précisé qu’il avait sous-estimé l’ampleur des besoins communaux, et méconnu les lourdeurs et les lenteurs du fonctionnement administratif. En clair : « ne me demandez pas la lune en peu de temps ! ».
Une première réalisation concrète (qu’entre temps chacun a pu apprécier) : le Schaerbeek-info nouveau est arrivé le 23 juin. Ce journal sortira dans sa forme rénovée 6 fois par ans, avec chaque fois un dossier sur un sujet précis, qui donnera la parole à tous les acteurs concernés. En dehors de ces dossiers, il ne pourra y avoir de place réservée au monde associatif.
L’échevin réaffirme sa volonté d’établir des partenariats avec les associations ; à ce sujet, M. De Herde précise : les partenariats seront constitués sur base des quartiers, ils doivent être des lieux de dialogue et non de pouvoir (« mettre de l’huile dans les rouages »); il n’y a pas de budget prévu pour des subventions communales régulières aux associations. En vue de répartir au mieux les subventions provenant notamment de la CoCoF (et transitant par la commune ndlr), il y aura un contrôle « sur le terrain » du travail réalisé par les associations (« certaines associations sont fortes … sur le papier »).
Ceci nous amène à parler budget. Il n’est pas facile d’y voir clair, entre fonds propres, subventions extérieures, budget communal général etc. Voici ce que nous avons compris :
- sur un budget de 1.400.000 fb réservé à l’aide aux associations, après prélèvement des parts pour les néerlandophones et pour le scoutisme, il reste 900.000 fb qui seront consacrés à l’encouragement d’associations qui s’occupent de jeunes, sous forme d’une aide unique au démarrage d’un projet ;* 30.000.000 fb environ sont disponibles dans le cadre des « contrats de sécurité » (volet prévention), impliquant pour ce qui touche à la toxicomanie un partenariat avec le RISO, le MIDRASH et TRANSIT
- 5.000.000 fb seront consacrés cette année à l’amélioration des espaces de jeu ;
- 19.000.000 fb étalés sur les 5 prochaines années, devraient faire naître et vivre des maisons de quartier ; l’une est en passe d’ouvrir au 535 chaussée de Haecht, elle disposera de deux animateurs communaux.
Ces animateurs communaux font partie des « éducateurs de rue » engagés dans le cadre des contrats de sécurité ; ils sont déjà engagés depuis assez longtemps, et sont actuellement répartis en 5 équipes : une pour la maison de quartier chaussée de Haecht citée ci-dessus ; une pour la Cage aux Ours basée à l’école 14; une rue de Locht dans le bâtiment rénové par la SDRB ; une rue Josaphat à l’école 1 et enfin une (« l’équipe Spoutnik ») qui sera dans le futur affectée au parc Rasquinet, rue Josaphat, et qui actuellement travaille dans les rues de ce quartier.
La mission des éducateurs est d’inclure dans les activités classiques (sport, sorties), des activités de « stimulation intellectuelle » et « d’éveil artistique ».
Un problème soulevé est la gratuité de la plupart des activités proposées par ces éducateurs, (pédagogiquement, selon certains membres du groupe de DS, une PAF symbolique vaut mieux) ; l’échevin répond qu’il est impossible de faire autrement dans le cadre d’activités communales, sauf à s’engager dans des procédures administratives fort lourdes ; ce problème sera résolu l’an prochain.
Le dernier point abordé, non le moindre, est celui du décrochage scolaire. La lutte sera menée, selon MICHEL DE HERDE, suivant trois axes :
- information des parents, trop souvent inconscients des peines qu’ils encourent si leurs enfants ne sont pas inscrits ;
- sensibilisation de ces mêmes parents à leurs responsabilités dans la scolarisation de leurs enfants ;
- lancement du projet-pilote « Vinci » basé à l’école communale n°1, rue Josaphat. Par des cours de renforcement destiné en priorité aux élèves (et, si on en trouve les moyens, aux parents) ce projet vise à améliorer la maîtrise du français et la relation école-quartier-parents. Vu l’impossibilité de déployer un tel projet sur tout le territoire communal (seulement deux médiatrices scolaires) c’est donc autour de l’école n°1 que le projet sera lancé, en espérant que cela fera boule de neige …
Quelques commentaires :
Le groupe « jeunesse-intégration » n’a pas seulement rencontré l’Echevin, mais a également pris contact avec divers acteurs concernés, pour recouper ou compléter l’information (entre autres : conseillers de la section « jeunesse », associations etc.) Il en ressort quelques commentaires que nous livrons à la sagacité démocratique de nos lecteurs bien-aimés …
de la transparence … nous avons mesuré avec effroi combien, entre les acteurs de ce terrain (échevin, associations, parents) l’information circule peu et mal. A l’heure où celui qui ne suit pas en temps réel un accident de tram en Syldavie passe pour un demeuré, nous nous attristons de voir que les décisions de l’échevin ou les actions des associations ne sont mutuellement connues que par des rumeurs ou des impressions. A quelques centaines de mètres de distance ! …
Un exemple en est la promotion des activités d’été pour les jeunes. L’échevinat a édité un magnifique poster proposant des dizaines de stages. Cette initiative ne peut qu’être saluée … mais les associations schaerbeekoises ont amèrement regretté de ne pas y figurer (à de rares exceptions près). Vérification faite, il apparaît que Michel De Herde a diffusé le 14 mars ’95 un formulaire permettant aux associations de bénéficier de ce poster-programme. Il semble que la plupart des associations schaerbeekoises ne l’aient pas reçu. Elles ajoutent qu’elles avaient pris soin d’informer par ailleurs l’échevinat de leur programme d’été. A l’échevinat, on répond que, bien sûr, on connaissait les programmes des associations de terrain, mais qu’on a préféré ne pas les mentionner vu l’incertitude qui pesait sur ces projets à cause de retards de financement. Résultat final : un poster-programme sympathique, mais distribué très tard, et qui passe sous silence la plus grande part de l’offre éducative et d’animation à Schaerbeek. Par delà les erreurs et les querelles, les citoyen(ne)s de Schaerbeek ne peuvent-ils aspirer, dans l’intérêt général, à une information la plus complète et la plus claire possible ?
des quartiers … Michel De Herde a parlé de sa volonté d’organiser au plus tôt des « concertations par quartier ». Cette intention, plutôt bien accueillie dans le monde associatif, n’a pas encore connu de concrétisation. Celle-ci n’ira pas sans poser quelques questions : comment faut-il découper le territoire en « quartiers », quelles sont les limites à retenir ? D’autre part, comment les choix seront-ils faits pour répartir entre ces quartiers les trop faibles moyens (humains et financiers) gérés par l’échevinat ? Faut-il soutenir les quartiers où une ébauche de coordination existe, ou bien tout investir dans des quartiers « désertés » ? Affaire à suivre !
( dernière minute : la procédure d’attribution des subventions CoCoF « intégration 1996 » a débuté ce lundi 18 septembre ; Michel De Herde escompte une dotation de 15 millions environ pour Schaerbeek ; mais il n’y a plus trace nulle part des projets de concertation par quartier …)
Public ou privé … on en vient alors à poser les termes d’un débat essentiel en filigrane de plusieurs questions ci-dessus ; faut-il faire le choix « tout public » dans lequel les moyens de l’échevinat sont consacrés à créer des structures nouvelles en dehors de ce que les groupes et associations font déjà, ou bien le choix de subventionner également des initiatives « privées » ? Jusqu’ici, Michel De Herde a indiqué sa préférence pour le premier choix, revendiquant la légitimité de l’action des mandataires publics, et affirmant son souci d’agir là où l’associatif est moins présent. Dans l’autre sens, certains argumentent en mettant en avant l’importance de reconnaître et de soutenir la créativité collective des habitants, et aussi l’efficacité plus grande qu’il peut y avoir à consolider ce qui fait ses preuves et qui n’a parfois besoin que d’un petit bol d’oxygène … Il s’agit là d’un débat politique fondamental, et ce que Démocratie Schaerbeekoise peut souhaiter, c’est qu’il ait lieu clairement (avec même votre avis, cher lecteur ? …).
Vis-à-vis du budget de l’échevinat, le groupe avoue ne pas y voir tout-à-fait clair. Loin de supposer une légère rétention d’information chez notre interlocuteur, nous croyons que c’est la réalité même de ce budget qui est complexe, voire confuse, et ceci surtout du fait de la multiplicité des sources de financement, avec parfois des affectations assez contraignantes … Tant pis pour la lisibilité démocratique !
Enfin, nous conclurons par un appel aux lecteurs (encore !) : si une politique active de la jeunesse est un pas en avant que tous apprécient, n’est-il pas important que des citoyens organisés (c’est nous !) tâchent de l’évaluer pendant qu’elle est encore « nouvelle » ? Autrement dit, si vous avez eu l’occasion d’apprécier ou de regretter certaines choses, comme parents ou comme habitants, merci de nous le signaler. Ceci permettra à D.S. d’encourager la politique de l’échevinat là où elle répond bien à vos attentes, et d’attirer l’attention sur ce qui pourrait fonctionner mieux.
pour le groupe “jeunesse-intégration” de D.S:
Christine Smeysters, Pierre Massart,
Jacqueline Rossi, Felipe Van Keirsbilck.