Article: DS a rencontré … Claude Wachtelaer, chef de cabinet de Mr Roland De Linge, échevin de l’Instruction Publique. (le 30 juin 1995)

Claude WACHTELAER nous dit que le premier souci de l’IP (Instruction Publique) fut, cette année, de faire connaissance avec les problèmes réels du département dans l’optique de redynamiser les structures existantes (enseignement primaire et secondaire), de recréer des contacts avec et entre les directions, de revivifier un réseau dont les potentialités sont réelles, mais qui a beaucoup souffert. En un mot, il s’agit de rompre avec la politique antérieure de discrimination entre les écoles du « haut » et du « bas » de Schaerbeek.
Concrètement, quatre projets sont sur les rails :
1 – une refonte du bulletin, dans les écoles primaires, a été réalisée et sera appliquée dès la rentrée de septembre 95.
2 – dès la rentrée aussi, un groupe de travail sur le projet pédagogique sera créé ; ouvert à tous, il aura pour mission de définir un cadre théorique pour une pédagogie communale. La concrétisation de ce travail (méthodes, matériel) serait confiée à une commission consultative. A la fin de l’année civile, une synthèse des idées et projets pédagogiques de chaque école devra être faite. Tout en évitant le piège du dirigisme, il s’agit d’empêcher une trop grande disparité entre les méthodes utilisées, de réfléchir aux classes de niveau et de définir le cadre de liberté des écoles. D’autre part, un groupe de réflexion sur les innovations pédagogiques sera créé, à la demande d’enseignants, pour chercher, au niveau schaerbeekois, des réponses aux problèmes posés par les nouvelles dispositions (par exemple le passage par cycle).
3 – un pool de quatre intérimaires fonctionnera, dès la rentrée ’95 également. Deux enseignant(e)s pour le primaire, et deux pour le maternel, assureront les remplacements courts (occasionnés par des recyclages ou par des maladies brèves). L’échevin espère, pour les années à venir, pouvoir reconduire ce système avec des contrats supplémentaires.
4 enfin, un projet pilote basé à l’école 1, rue Josaphat, et baptisé « Vinci » a été présenté à la presse le 4 juillet. Mené en partenariat avec l’échevinat de la jeunesse et la Ligue de l’Enseignement (pour la supervision pédagogique), le projet Vinci veut ouvrir davantage l’école à la population du quartier, afin d’améliorer les chances de réussite scolaire. L’I.P. fournira les bâtiments et le personnel, l’échevinat de la jeunesse mettra des éducateurs de rue et des médiateurs sociaux à disposition du projet. On voudrait, grâce à une médiatrice marocaine, faire entrer les mères des élèves dans l’école à l’occasion de matinées de conversation conviviales (thé, pâtisseries etc.). L’échevin espère également toucher les pères de famille, mais cela lui semble plus difficile. Les informations seront diffusées, à l’école 1 mais aussi à l’école 8, en français, turc et arabe, ceci bien que la culture des familles du quartier soit avant tout orale, et que de toute évidence l’objectif essentiel reste d’amener le plus grand nombre à parler le français.

En dehors de ces quatre projets, l’échevinat en est encore à des déclarations d’intentions. Claude WACHTELAER nous a fait savoir que, pour cette année, il serait « techniquement impossible » d’envisager une participation communale aux projets ZEP. (ndlr: Zone d’Education Prioritaire, dispositif local de lutte contre l’échec scolaire, subventionné par la Communauté Française)
A notre question sur le décrochage scolaire, CLAUDE WACHTELAER a répondu qu’il était de peu d’importance dans les établissements du réseau communal. Pour les jeunes des écoles des deux autres réseaux, on nous renvoie aux projets de Michel De Herde (voir article dans ce numéro de DS) et aux contrats de sécurité.
Enfin, une semaine de la démocratie est prévue en 1996. Un groupe de travail sera créé avec pour objectif de sensibiliser élèves et enseignants à la démocratie, et ce aux niveaux mondial, national, communal et scolaire. La possibilité de mettre sur pied un « conseil consultatif des jeunes » a été évoquée, mais il faut sérieusement y réfléchir pour ne pas tomber dans le « gadget ».

Nos commentaires, nos réflexions …
Renseignements pris sur le terrain, il est très clair que l’actuel échevinat a rompu avec l’ancienne politique, et que des mesures très concrètes ont été prises pour assainir le climat dans l’enseignement communal, et notamment pour en finir avec les discriminations entre le haut et le bas de Schaerbeek. Ainsi, petits faits très éclairants, les écoles du bas obtiennent désormais sans difficulté le bus communal qui permet la gratuité des déplacements, par ailleurs, dans un projet de rencontre entre générations, une association schaerbeekoise a obtenu la collaboration d’une école communale, ce qui n’était jamais arrivé. Des rapports réguliers sur la sécurité et l’hygiène sont réalisés actuellement.
En matière de titularisation, une revendication très ancienne, et toujours farouchement rejetée, a enfin été rencontrée : une liste d’ancienneté de l’ensemble des enseignants – temporaires et du secondaire – peut être consultée, et les nominations ainsi que les déplacements s’en trouvent assainis.
Pédagogiquement, la volonté de rénovation et de réflexion est patente, même si le nouveau statut du subventionné fait de cette réflexion une obligation. Il est évidemment dommage que les perspectives communales ne puissent intégrer les projets ZEP ; mais sans doute est-ce dû au fait que l’enveloppe consacrée aux ZEP par la Communauté Française est fermée, et que l’entrée de l’enseignement communal dans la ZEP de Schaerbeek impliquerait de partager le gâteau avec ceux qui en bénéficient déjà, ce qui est effectivement « techniquement difficile » … supputation à vérifier !
L’attitude concernant le décrochage scolaire nous convainc moins. Dire, en effet, qu’il est de peu d’importance dans le réseau communal revient à affirmer que les jeunes qui ne sont inscrits nulle part ne sont un problème pour personne … ou en tous cas pas pour l’IP ! C’est fort dommage, voire préoccupant ; les édiles communaux ne doivent-ils pas se préoccuper de toute la population, même et surtout de celle qui tourne le dos aux structures et se met en marge des lois ?
Quoi qu’il en soit, nous actons les modifications positives en cours, et attendons avec vigilance les modifications budgétaires de l’automne. Elles seront un excellent instrument de mesure des orientations nouvelles : la part communale propre du budget de l’IP augmentera-t-elle ? (Le conseiller d’opposition G. Verzin avait suggéré une augmentation de 50 millions de cette part communale.) Et, si cette augmentation a lieu, quel domaine privilégiera-t-elle : infrastructure, personnel, équipement ? Et dans quels quartiers ?
(pour le groupe « instruction publique »
de DS, Jacqueline Rossi et Christine Smeysters).
Contact : J. Rossi – 17 rue A. Delatour