Que retenir de ces réponses ?
A la lecture de ces différentes réponses, nous nous permettons – en tant qu’observateurs critiques et bienveillants – quelques commentaires.
- Pour autant que les votes le permettent et leur donnent une majorité suffisante, LB et cdH entendent poursuivre la coalition actuelle. Les partis de la majorité sont convaincus qu’ils ont fait du bon travail et sont satisfaits de leur bilan, même si des améliorations sont nécessaires. Actuellement il n’existe pas de divergences notoires entre eux à propos des questions posées par DS. Sauf report important des votes sur un autre parti et au détriment d’un de leurs partenaires, une reconduction de la majorité actuelle (Ecolo-Groen, cdH, LB) ne serait pas surprenante.
- Cela étant, tous les partis confirment qu’actuellement (ndlr : en juin 2018) ils n’ont pas (encore ?) fait d’accord pré-électoral.
- Quels que soient les résultats, certains partis excluent d’ores et déjà des alliances ou des coalitions avec certains partis :
- le cdH : les partis extrémistes (sans précision)
- Ecolo-Groen : la NV-A
- LB : toute formation d’extrême-droite, d’extrême-gauche (le PTB) ou fondée sur des valeurs prônant la suprématie d’une religion, et non respectueuse des valeurs et des libertés d’autrui
- MR : la NV-A, le PTB et, dans l’état actuel, pas d’alliance avec le PS
- PS : les partis non-démocratiques et/ou la NV-A
- Spa : le Vlaams Belang et la NV-A
- PTB : ouvert à une coalition sous conditions très strictes : programme alternatif fort et rupture avec les politiques globales d’austérité.
Que conclure ?
Pour autant qu’il nous soit autorisé ou possible d’émettre quelques considérations finales plus incisives, nous serions amenés à conclure avec ces mots :
« de tout : un peu, avec sérieux mais sans excès ». Ce qui est sans doute l’art de gouverner …
- Diversité : oui, bien sûr mais sans « quotas » (pour Ecolo Groen).
- Un médiateur/trice (ombudswoman) : oui, bien sûr, mais pas à un niveau barémique le plus élevé, et avec un budget suffisant, mais encore à définir.
On pouvait aussi attendre que les partis politiques situent leur programme par rapport à « ce qui est possible » actuellement et ce qu’ils sont prêts à faire ou ne pas faire dans ce sens.
Il existe par exemple en Région bruxelloise toute une panoplie de mesures en matière de logement (voir Nicolas BERNARD, 20018, Bonnes pratiques des communes bruxelloises en matière de logement. Les Echos du Logement : quelle politique du logement au niveau communal, n° 123, juillet 2018). Nous ne recensons pas moins de 17 mesures possibles que l’une ou l’autre commune bruxelloise a déjà prises. Pour cela nous nous référons à un article paru récemment dans la revue « Echos du logement » où un ensemble de bonnes pratiques de l’une ou l’autre des 19 communes bruxelloises sont mentionnées :
- protocole d’échange d’informations sur les marchands de sommeil (service population-urbanisme-zone de police- CPAS…)
- taxe sur l’insalubrité
- prime à la rénovation énergétique
- transfert de la gestion à la société de logement social et/ou l’agence immobilière sociale (AIS)
- commission indépendante d’attribution de logements sociaux
- fourniture d’un terrain à disposition d’associations pour le développement des habitats solidaires et modulaires à destination des sans-abri
- octroi d’un permis d’urbanisme dérogatoire pour des projet portés par le CPAS
- action en cessation pour obliger un propriétaire à donner un usage à son bien
- instaurer un droit de gestion publique/réquisition d’un bien vide
- prime à l’accès séparé pour les étages au-dessus des commerces
- conventions d’occupation précaire
- allocation loyer
- préfinancement de l’allocation de relogement
- droit de superficie
- remboursement (partiel) de certains centimes additionnels
- agences immobilières sociales
- médiation.
Dans les réponses obtenues, certains partis mentionnent quelques-unes de ces mesures prises ou à prendre, mais ils ne mentionnent pas ce qui serait (encore) possible et pourquoi ? En ce sens, il est difficile pour l’électrice ou l’électeur de se faire une idée de la pertinence du programme en matière de logement.
Enfin nous n’ignorons pas que l’éviction des locataires moins en fonds est une pratique courante dans certaines communes (Bernard, 2018, 31) et que prévaut aussi l’équation : plus de logements sociaux = plus d’allocataires du CPAS. Mais ça c’est une autre histoire.
De même pour les autres points des programmes. Chacun propose sa marchandise, à l’acheteur de faire le tour du marché pour évaluer les offres…
Mais au-delà d’une politique du logement, il y a bien sûr la politique immobilière et la politique foncière. La commune de Schaerbeek, commune de la première couronne, s’étend sur deux territoires fonciers et immobiliers : le « haut » et le « bas » Schaerbeek. Coincée entre l’Europe (le quartier européen : Dailly, place des Chasseurs Ardennais, …) et le Canal (Gaucheret, place du Pavillon…), elle subit une forte pression immobilière vers le haut : augmentation des prix, spéculation, « gentrification ». La croissance des établissements de services (lobbies européens, bureaux de consultance, professions libérales, etc.) est forte et bien présente. La Cité des Médias (Mediapark), joyau de la politique immobilière du pouvoir actuel, en est un bel exemple. C’est une occasion intéressante de laisser cette vague spéculative s’étendre sur l’ensemble du territoire communal. Les finances ne s’en porteront que mieux. Les habitants « précaires » auront des difficultés plus grandes pour se (re)loger. Inutile d’imaginer d’ « encadrer » les prix des loyers. Ce serait contre-productif.
Pour finir…
Un tout grand merci aux têtes de liste qui se sont appliquées à nous donner des informations précises et pertinentes. Le sérieux de leurs réponses est un hommage indiscutable à notre travail, ainsi qu’un signe de respect à l’égard de leurs électeurs !