2024 (Conte bruxello-persan)

Voici plus de trente ans que “Démocratie Schaerbeekoise” assume une observation critique de la démocratie (schaerbeekoise) locale. Ses comptes rendus des conseils communaux ainsi que des conseils de police publiés trimestriellement font office de “poil-à-gratter” pour les candidat(e)s et les élu(e)s locaux.

C’est dans cette fonction que nous nous permettons de diffuser le texte suivant. Son contenu est, à notre avis, utile et propice pour les débats des mois à venir.

Il y a quelques semaines, un étrange document tomba dans notre boite aux lettres.

Rédigé dans une langue bizarre, étonnante, nous étions perplexes.

Par hasard, un voisin Afghan, mais Persan d’origine à qui nous avions demandé s’il pouvait déchiffrer ces caractères,  nous répondit – non sans quelques étonnements – « Mais oui, bien sûr, vénérable voisin, il s’agit d’un document, écrit en persan, et si je puis me le permettre, je puis vous en révéler le contenu ».

Cette réponse providentielle nous combla. Notre curiosité n’en devenait que plus grande.

« En fait » – comme disent de nos jours nos petits-enfants (h/f) instruits dans des établissements scolaires officiels ou subsidiés – il s’agissait d’un palimpseste[1]. L’auteur, un noble Persan, tenait à nous le faire parvenir avant son retour à Ispahan.

En auscultant hippocratiquement cet écrit, nous découvrîmes que ce noble Persan avait tout simplement utilisé le parchemin qu’un de ses ancêtres, dénommé Usbek, avait lui-même utilisé pour correspondre il y a plus de trois siècles, avec son ami Rika[2].

Ce  noble Persan quelque peu outrecuidant, ne trouva rien de mieux que d’oser coucher ses propres réflexions sur ce parchemin ancestral. Or à l’époque du Roi Soleil, un tel écrit  pouvait valoir à son auteur – son illustre ancêtre – la décapitation s’il était de la noblesse, la pendaison s’il était manant ou l’écartèlement voire le bûcher s’il était jugé hérétique.

Interloqués par tant d’audace, mais néanmoins curieux, nous nous mîmes à déchiffrer le texte.

Tout comme celui de son ancêtre qui résida longtemps à Paris, le nouveau texte révéla l’étonnement de l’auteur, plongé dans nos réalités bruxelloises quotidiennes.

Son regard étranger, mais néanmoins pourvu d’une logique toute aristotélicienne, s’émerveilla de nos multiples miracles comme par exemple :

  • des cris révolutionnaires : « Amour sacré de la patrie, rends-nous l’audace et la fierté… » vociférés subitement dans les rues après que le public ait assisté à un opéra au titre suggestif de « La Muette de Portici »[3];
  • un tableau légendaire représentant une pipe qui ne fume pas et sous-titré « Ceci n’est pas une pipe » ;
  • un monarque qui lors de son message de Noël encourage ses sujets nantis ou dépourvus, à pratiquer l’émerveillement.

En parcourant le texte, notre étonnement ne fut que plus grand. Ce noble Persan s’intéressait beaucoup à notre vie quotidienne et plus particulièrement à la façon dont nous élisons périodiquement nos représentants locaux.

Que de forêts dévastées pour afficher tout format et en de multiples couleurs, urbi et orbi, le faciès sérieux ou hilare, de ceux qui pourraient sortir vainqueurs ou vaincus de l’urne électorale !

Que de débats, rencontres, meetings, ou assemblées pour faire entendre ce qui peut-être, tout en fin de mandature, sera accordé parce que longuement promis antérieurement[4] !

Que de bulletins de victoire pour proclamer le triomphe d’un budget communal en équilibre grâce à l’inclusion de recettes magnifiquement extraordinaires et hypothétiques !

Se souvenant de son ancêtre, ce noble Persan émit néanmoins des suggestions discrètes à propos de notre gouvernance que d’aucuns voudraient efficace, transparente et soucieuse du bien public. Il poussa même l’audace jusqu’à suggérer des jalons pour un avenir meilleur. Mais instruit de notre histoire séculaire et du caractère explosif d’une telle entreprise, il resta fort circonspect.

En effet une rédaction plus cadrée, par exemple sous forme d’un plan à réaliser dans un délai contraignant, pourrait avoir des effets incontrôlables. Il se souvenait qu’à l’époque un certain J. Van Bilsen, avait proposé en décembre 1955[5], un plan de trente ans pour la politique d’émancipation du Congo belge. L’indépendance fut acquise 4 ans plus tard. Si en décembre 1955 ce Van Bilsen avait sous-titré son écrit par exemple « Conte de Noël », cela aurait été mieux pris au sérieux. Pourquoi une telle précipitation ?

Ce noble Persan suggérait donc d’interpeller nos futurs candidats aux prochaines élections communales et de tester leur capacité en 2018 à imaginer d’ores et déjà les élections suivantes (de 2024), comme des élections locales de Bruxelles, toutes communes fusionnées. Cette interpellation se dénommerait « Bockstael (bis) » du nom du dernier Bourgmestre de Laeken – commune fusionnée en 1920 avec Bruxelles-Ville[6].

Cette interpellation  pourrait être portée et diffusée par un mouvement citoyen au nom de : « 2018 – DECOL » (2018 – Dernière Election Communale Locale) ou « LPG – 2018 » (Laatste Plaatselijke Gemeenteverkiezingen – 2018).

Conscient qu’une telle interpellation n’était pas sans dangers, il préconisait et recommandait une grande prudence.

Nous nous permettons ici de présenter quelques-unes de ses propositions :

Rendre un hommage vibrant aux derniers

En 2024, les 19 derniers et valeureux bourgmestres devraient être dignement gratifiés et ce de multiples façons : une statue (hauteur à préciser mais bien en vue), une rue, une place ou un boulevard à leur nom, un titre de Baron et une pension à points, à définir en fonction de la superficie de la commune, du nombre et du revenu médian des habitants, de l’âge du bourgmestre et de son nombre d’enfants à charge.

De quoi discourir fréquemment et fort longtemps mais en ne dépassant pas trois séances.

Comme le héros d’un dernier empire, nous pourrions même imaginer la mise en scène d’un évènement théâtral. Friedrich Durrenmatt le fit par exemple pour honorer le dernier empereur romain de l’empire d’Occident[7].

 Il faut  préférer une seule commune à plusieurs ?

Plusieurs communes n’engendraient que de nouvelles concurrences et rivalités : riches/pauvres, centre/périphérie, prédominance de ceci ou de cela.

De plus, les frontières intérieures et limitrophes ont toujours été source de fragilités et objet de spéculation, de dégradation et de corruption[8] pour les « grands projets » tels que le plan Manhattan (Bruxelles-ville, Schaerbeek, Saint-Josse-Ten-Noode), Tour & Taxi (Bruxelles-Ville, Molenbeek-Saint-Jean), le Quartier européen (Bruxelles-Ville, Etterbeek, Ixelles), Gare du Midi (Saint-Gilles, Anderlecht, Bruxelles-Ville, Forest), le Site Josaphat (Schaerbeek, Evere), etc. Comment réagir à la pression de groupes immobiliers et financiers quand les diverses administrations locales, dépendant de majorités politiquement différentes, se font un plaisir de vendre leurs avantages ou d’empêcher le voisin d’empocher quelques bénéfices ?

Réduire le nombre des communes à « quelques-unes » ne ferait à terme, qu’empirer la situation et envenimer les rivalités. Les six régions policières n’ont pas amélioré partout la sécurité, la proximité et la protection des habitants.

Enfin la représentation extérieure s’en trouverait fragilisée. Aucune capitale régionale, européenne ou mondiale ne pourrait imaginer plusieurs maires, bourgmestres ou autres édiles représenter la capitale régionale ou celle du pays. Que ce soit Marseille, Bordeaux, Lille, Amsterdam, Londres, Glasgow, Berlin, Paris, etc…, leur représentation (locale) est unique et univoque. Cela n’empêche pas pour autant de prévoir des districts, arrondissements et autres antennes locales.

Centraliser pour « proximiser » et décentraliser

Peut-on imaginer qu’un citoyen de Jette puisse déménager à Uccle (ou vice-versa) lorsque pour une raison ou une autre, il reçoit l’aide de son CPAS local ? Quel sera le trajet de son dossier ? De quoi vivra-t-il en attendant [9]?

A Berlin il y a 16 piscines communales qui dépendent toutes d’une seule administration municipale. En Région bruxelloise les 16 piscines (plus ou moins municipales) font l’objet d’interventions et de supervisions communales, régionales, communautaires, si pas fédérales ou européennes. Comment imaginer pouvoir concevoir une politique récréative, sportive ou de santé publique pour une population de plus d’un million d’habitants dans cet inextricable labyrinthe administratif et réglementaire ? De même en ce qui concerne l’aménagement de pistes cyclables, etc.

Mais une fois centralisés, les services devront être aussi accessibles, facilement et rapidement. Il n’est pas difficile d’imaginer une multiplicité d’accès.

Pourquoi ne pas prévoir une vingtaine (ou plus) de services communaux décentralisés ?

Bruxelles-ville, vu son extension géographique, a ainsi prévu actuellement plusieurs antennes administratives (5) (dénommées Bureaux de liaison) pour les habitants de Laeken, Neder-Over-Heembeek, Haren, Nord-Est, et Louise. Plusieurs démarches peuvent y être accomplies et certains documents obtenus[10].

Le CPAS de Bruxelles-Ville a organisé 12 antennes sociales décentralisées pour assurer les services aux habitants.

Avoir le courage de la vérité : actuellement la « proximité » du pouvoir communal est un concept à géométrie variable et donc une chimère si pas un leurre

Ce noble Persan se souvenait d’une mémorable assemblée où la question de la proximité des habitants avec leurs élus fut âprement débattue. Il y a plusieurs années,  il eut en effet le privilège d’assister au débat fort matinal d’un aréopage de sages penseurs penchés sur l’avenir de la cité. Le discours d’un bourgmestre appelé à instruire l’assemblée, le rendit  fort perplexe. A la question de savoir pourquoi la commune était une forme de gouvernement essentielle si pas indispensable au bonheur des citoyens, celui-ci répondit : « la garantie de la proximité du pouvoir ». Le bourgmestre, dernier et ultime représentant local du monarque est et reste proche, et est le plus accessible aux habitants. «Fort bien », osa répondre un des auditeurs, « mais quelle sera alors la distance idéale entre l’élu et l’électeur, en d’autres mots, le nombre idéal d’habitants que cet élu féru de proximité pourrait approcher » ? « Ce nombre idéal est celui de ma commune actuelle », répondit-il, soit, après vérification statistique et démographique à l’époque : moins de 80.000 habitants.

Convaincu de la véracité de ces propos, le noble Persan rompu aux mathématiques pythagoriciennes calcula que si 80.000 (à quelques milliers près) est le nombre idéal, voire la norme ou la mesure optimale, que peuvent espérer les habitants des autres communes ? Certains vont bénéficier d’une proximité extra-proche et d’autres, plus nombreux, d’une proximité extra-lointaine. Malheur aux habitants d’Anderlecht, de Bruxelles-ville et de Schaerbeek où le nombre d’habitants excède grandement ce nombre magique. Par contre, les habitants d’autres communes et particulièrement ceux de Saint Josse-ten-Noode, Berchem-Sainte-Agathe, Watermael-Boitsfort ou Ganshoren seront bien mieux nantis et les habitants de Koekelberg (21.558 habitants au 1/1/2016)[11] jouiront d’une proximité paroxystique.

Se souvenant aussi que le principe d’égalité en vigueur n’avait d’égal que le bonheur de la proximité optimale et équitablement partagée, il en conclut qu’il ne faudra pas moins de 55 bourgmestres en Région de Bruxelles Capitale[12].

Frappé à nouveau de perplexité à propos de ce nombre élevé, il s’enquit de la manière dont d’autres proximités étaient comptabilisées dans cette région particulière. Il constata par exemple que pour les adeptes de la religion la plus répandue, la proximité avec l’Eternel et le Tout Puissant était assurée par non moins de 108 paroisses[13]. Ce nombre élevé de lieux d’adoration n’est toutefois assuré actuellement que par quelques 24 unités pastorales pour les âmes francophones et 9 communautés ecclésiales pour les âmes néerlandophones.

Les 55 officiants du culte de la démocratie locale seraient donc deux fois plus nombreux que ceux qui assurent le salut des âmes chrétiennes pour lesquelles 24 unités pastorales sont prévues.

Devant un tel dilemme, ce noble Persan se demanda s’il n’était pas plus juste et équitable d’assurer à tous les habitants de la région, une même et unique proximité. Celle-ci à nouveau ne pouvait être garantie que par un seul et même représentant du monarque pour toutes et tous.

Savoir utiliser une qualification pertinente : la fusion des communes est une question technique 

Ce noble Persan s’interrogea ensuite sur la façon dont les nations d’Europe étaient capables de convenir et d’unifier certaines de leurs prérogatives nationales.  En 2010, il avait notamment assisté à une conférence à la KUB de Jean-Luc Dehaene, ancien Premier ministre, sur l’introduction d’une  monnaie européenne unique[14]. Cette mesure, selon l’auguste conférencier, étant une question « technique » et non politique, ne faisait guère de difficultés ! Fusionner le pouvoir du droit régalien de battre monnaie, une des prérogatives constitutionnelles des Etats-nations, fut tout simplement qualifié de « question technique ».

Peut-on imaginer que l’ingénierie administrative et financière de 12 Etats nationaux soit plus simple que celle d’administrer une population d’un million d’habitants, localisée dans un périmètre défini ?

Un programme de six ans pour coordonner, centraliser et fusionner les domaines gérés par les administrations communales locales (finances, urbanisme, enseignement, sports, emploi, police, etc.) doit aussi être « techniquement » possible. Le pouvoir régional a déjà pu agir dans ce sens, mais les frontières communales restent des sources de perturbations aussi fréquentes qu’imprévisibles[15].

Mettre fin au mythe du perfectionnement progressif en partant du bas

Ce noble Persan était aussi quelque peu interloqué sur la façon dont nous concevions le futur et les évolutions historiques. Il régnait dans cette population des croyances indestructibles à propos de l’évolution progressive des choses et des évènements, surtout quand celle-ci partait « d’en bas ». Le salut futur dépend du respect quasi mystique de la progressivité venant d’en bas. D’aucuns préconisent ainsi une intégration progressive des différentes composantes administratives pour arriver, à un moment donné… (plus tard, à une date jamais spécifiée), à finaliser l’édifice.

Comme au temps des cathédrales où le chef d’oeuvre prenait plusieurs siècles. L’ouvrage se  terminait tant bien que mal par des tours d’un tout autre style architectural que celui des fondations ou de la nef centrale. Mais là, il s’agissait d’assurer le salut éternel des habitants. Cela pouvait prendre quelques décennies.

Le même « progressisme » et le « bottom up » ont déjà prévalu au temps de la colonisation pour imaginer la construction de l’Etat indépendant futur.

Ce noble Persan se rappela qu’un certain C. Young  soulignait déjà l’originalité de nos postulats de la gestion politique de la décolonisation : la progressivité contrôlée et « il faut commencer par la base »[16] [17]: d’abord une alphabétisation généralisée avant de commencer l’enseignement secondaire, ensuite (bien plus tard) l’enseignement universitaire; d’abord la participation politique communale, pour envisager, ensuite, des élections à l’échelle provinciale et puis, bien plus tard, à une époque non définie, les élections nationales.

Le rêve colonial était bien celui d’une vie lente et paisible, mais efficace, comme celle d’un béguinage, une ferme abbatiale ou une manufacture au temps de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche.

Ces croyances sont particulièrement bien ancrées et vénérées par les élus locaux actuels. En effet, le toit finit toujours par couronner la construction. Inutile d’imaginer une autre voie.

Mais tout ne progresse pas de la même manière.

Les voies ferrées par exemple. La locomotive à vapeur ne fut pas indéfiniment perfectionnée et l’usage d’une autre technologie fut nécessaire pour dépasser les limites de la circulation ferroviaire de l’époque. L’électricité a remplacé la vapeur. Par contre l’écartement des voies ferrées pouvait être maintenu.

Sur les rails de la démocratie locale et communale, les 19 locomotives peuvent aussi être remplacées par un autre type de train.

Ces transformations de paradigmes sont particulièrement difficiles à faire accepter. Le saut qualitatif, l’usage de nouveaux modèles sont parfois la suite logique d’évènements antérieurs. Fixer une date buttoir et étudier ensuite le parcours à faire n’est malheureusement pas le fort des élus actuels.

Qui prédira ainsi la date de « la sortie du nucléaire » ? Avant ou après la fusion des communes bruxelloises ? Les paris sont ouverts.

Evaluer, sans émotions particulières, la participation locale actuelle ?

Au sein des 19 communes siègent de nombreux élus qui dix fois l’an se réunissent publiquement dans chaque commune, pour gérer le destin commun. Cela fait annuellement quelques 190 performances où le public est convié. De l’observation pendant plusieurs années des séances d’un conseil communal particulier, ce noble Persan constatait que le public était plutôt rare, clairsemé, sauf lorsque quelques points sont abordés, tels que la règlementation du stationnement, les taxes communales, la sécurité routière, la propreté publique…

Par contre, le droit des citoyens d’interpeller est bien inscrit dans la loi communale régionale. Le site régional officiel mentionne qu’il ne serait d’application que dans 8 communes (Anderlecht, Auderghem, Bruxelles, Etterbeek, Evere, Schaerbeek, Uccle). Pas d’information disponible pour les 11 autres communes…

Dans une ville fusionnée, il n’est pas du tout exclu que l’ensemble des citoyens ait un regain d’intérêt participatif pour des projets ou des décisions locales ou particulières. Molenbeek est devenu pour de nombreux habitants des 19 communes, un lieu tout aussi symbolique que le quartier des Marolles, le Coin du Balai ou le piétonnier devant le bâtiment de la Bourse.

Une administration publique d’une ville fusionnée peut espérer un regain de compétences et de pouvoir d’intervention de ses fonctionnaires

Ce noble Persan, de plus en plus curieux, s’intéressa aussi à la façon dont les sujets du monarque étaient soumis au pouvoir de l’autorité locale.  Il s’étonna aussi de la différence entre les grandes et petites communes (en nombre d’habitants ou de superficie) qui se reflète aussi dans la forme de son administration publique et ses capacités d’administrer. Lorsque celle-ci est limitée, à cause du peu de personnel disponible ou de la rage du pouvoir local de réduire le nombre de fonctionnaires et d’agents publics, l’appel aux bureaux d’études privés, experts extérieurs, délégations et missions d’études, devient pléthorique. L’administration locale est violemment dépouillée aux slogans : « moins d’Etat et plus de marché », « réduction des coûts » et « budget en équilibre », au plus grand bénéfice de firmes et de bureaux privés, où siègent souvent les ami.e.s et les compères (h/f) des élu.e.s. Ces mercenaires recrutés occasionnellement auront rarement une loyauté équivalente à celle d’un personnel engagé pour une longue durée auquel une tâche importante est confiée, depuis la conception jusqu’à la réalisation [18].

I have a dream… Now is the time…

Se souvenant d’autres héros historiques qui s’aventurèrent à proclamer leur rêve [19], ce noble Persan nous souhaitait enfin une grande et solide persévérance pour affronter l’avenir. Mais convaincu que tout conte, fable ou légende charrie toujours quelques vérités et même parfois des annonces prophétiques, il se permettait de nous faire parvenir ce palimpseste.

Il savait que rêver était une activité dangereuse. Conter aussi.

(s) anonyme [20]

 

Notes bibliographiques

Durrenmatt, F. (1991) Romulus le Grand. Lausanne : Editions l’Age d’Homme.

Machiavel, N. (1986) Oeuvres complètes, Paris : Gallimard. Bibliothèque de la Pléiade.

Montesquieu (1949) Lettres Persanes, in Oeuvres complètes, Volume I, Paris: Gallimard. Bibliothèque de la Pléiade (129-373).

Van Bilsen, A.A.J. (1955) Een dertigjarenplan voor de politieke ontvoogding van Belgisch Afrika, De Gids op maatschappelijk Gebied, 46, (12) december 1955, (999-1028).

Van Bilsen, A.A.J. (1959) Vers l’indépendance du Congo et du Ruanda-Urundi, Kraainem.

Young, C. (1965) The Politics in the Congo. Princeton: University Press.

Young, C. (1968) Introduction à la politique congolaise. Kinshasa, Editions universitaires du Congo.

[1] Palimpseste : manuscrit dont on a fait disparaître l’écriture pour y écrire un autre texte. Au Moyen-Age, la rareté du parchemin rendit commun l’usage des palimpsestes. En faisant reparaître la première écriture des palimpsestes, on a retrouvé plusieurs fragments d’auteurs anciens (Wikipédia).

[2] Ces lettres furent publiées à l’époque par Charles Louis de Secondât, baron de La Bède et de Montesquieu sous le titre « Lettres Persanes ». Voir la bibliographie en fin de texte.

[3] Pas la « mouette », ça, c’est Tchékhov. Ndlr.

[4] Comme par exemple la nomination d’un ombudsman dans une commune.

[5] A.A.J. Van Bilsen (1959) Vers l’indépendance du Congo et du Ruanda-Urundi, Kraainem.

[6] Ainsi que les communes de  Haren, Buda et Neder-Over-Heembeek.

[7] Ecrite en 1948, Romulus le Grand est une des grandes pièces de Dürrenmatt, peut-être la plus connue. On y voit le dernier empereur romain d’Occident attendre la fin de son règne et les Hérules d’Odoacre, avec une philosophie aussi stoïque qu’ironique qu’alimente sa passion de l’aviculture (Wikipédia).

[8] Dans les centrales électriques nucléaires, il est toujours dangereux d’exposer trop longtemps le personnel aux radiations. De même serait-il utile, voire nécessaire, de protéger les agents communaux qui occupent un emploi dans les secteurs travaux publics, régie des bâtiments, affaires immobilières, etc. où existent des dangers de corrosion similaire  Une rotation de fonction après deux ou trois ans d’exposition serait une mesure préventive à envisager pour faire face à ce type de danger.

[9] Actuellement, un habitant qui change de commune doit patienter au moins trois mois pour être “repris” par la commune choisie.

[10] Tels que : carte d’identité, passeport, permis de conduire, permis de travail, composition de ménage, certificat de résidence, extrait d’acte d’état civil, légalisation de signature, copie conforme de documents en français ou en néerlandais, déclaration de changement d’adresse, autorisation parentale de voyage à l’étranger, extrait de casier judiciaire, certificat de moralité.

[11]  Chiffres de la population par province et par communes à la date du 1 janvier 2016 sur Wikipédia.

[12] Soit 1.180.538 (population totale en RBC au 1/1/2016) : 21.558 (population la plus petite commune en RBC à la même date) = 54,760692, arrondi à 55 unités.

[13]  Diversité, richesse et pauvreté des archives des paroisses de la Région de Bruxelles Capitale

[14] L’euro €: en janvier 2002, pour 12 pays plus Monaco, San Marino et le Vatican.

[15] Le bourgmestre de Schaerbeek (Défi) le confirmait  encore tout récemment : « Par contre je constate que la Région joue peu son rôle de coordinatrice et que ce CRU (contrat de rénovation urbaine, Ndlr) se transforme plutôt en double contrat de quartier. J’ai envoyé plusieurs propositions au bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS) qui n’a même pas daigné me répondre. Nous avons donc décidé d’avancer de notre côté », Le Soir, 21 décembre 2017, p. 27.

[16] « La différence entre le Congo (Belge, Ndlr) et les colonies britanniques et françaises se fit encore mieux sentir lorsque des pouvoirs accrus et une représentation africaine plus importante furent accordés aux corps législatifs de ces dernières. La définition de Coleman, selon laquelle le système colonial est un modèle classique de gouvernement bureaucratique à l’état pur, où politique et administration sont synonymes, ne pouvait s’appliquer nulle part mieux qu’au Congo » (Young, 1968 : 21 et 29-34).

[17] Ndlr: il faut aussi préciser qu’avant 1960, durant les 80 ans de l’occupation coloniale, aucun habitant (blanc, noir ou métis, citoyen belge, étranger ou indigène) n’a jamais pu voter ni participer à une élection quelconque. Pour voter, il fallait se trouver sur le territoire de la métropole.

[18] Déjà Nicolas Machiavel mettait le Prince en garde de ne pas faire appel à des mercenaires mais plutôt de lever des soldats parmi ses propres sujets, s’il voulait mener et gagner la bataille. Seuls ces derniers sont dignes de confiance. (Voir : chapitre XII  Combien il y a d’espèces de gens de guerre et de mercenaires) Machiavel, N. 1986. Œuvres complètes, Paris : Gallimard. Bibliothèque de la Pléiade, p.  324 et ss.

[19] Tel Martin Luther King qui, le 28 août 1963 à Washington D.C., prononça ces mots devant le Lincoln Memorial et plus de 200.000 personnes. Cinq ans plus tard (4 avril 1968) il périt, exécuté. L’égalité raciale aux USA n’est toujours pas acquise.

[20]  Tout comme son illustre ancêtre il y plus de trois siècles, il tenait à réaffirmer cet anonymat en rappelant les mots immémoriaux: « Mais c’est à condition que je ne serai pas connu : car, si l’on vient à savoir mon nom, dès ce moment je me tais. Je connois une femme qui marche assez bien, mais qui boite dès qu’on la regarde. C’est assez des défauts de l’ouvrage, sans que je me présente encore à la critique ceux de ma personne. Si l’on savoit qui je suis, on diroit : « Son livre jure avec son caractère ; il devroit employer son temps à quelque chose de mieux : cela n’est pas digne d’un homme grave ». Les critiques ne manquent jamais ces sortes de réflexions parce qu’on les peut faire sans essayer beaucoup son esprit ». Montesquieu, op.cit., p. 131.