CC 2017-12-20 – Schaerbeek, commune hospitalière ?

On démarre à 18h47 par un point inscrit à la demande d’habitants pour obtenir que Schaerbeek s’inscrive dans la campagne « Commune hospitalière ».

Face à un gouvernement fédéral qui durcit le ton, intimide, rafle et commet des violences, M. BEECKMANS porte l’indignation du mouvement citoyen et demande une politique migratoire à visage humain. S’ils s’adressent au niveau communal, c’est parce qu’il s’agit du premier maillon au plus proche du respect des droits. Ils proposent que le Conseil souscrive, au bénéfice également des personnes sans–papiers, à une motion qui appelle à :

  • soutenir l’accès à des logements décents (jouer un rôle de médiateur avec les propriétaires, notamment de logements inoccupés ; permettre des occupations provisoires) ;
  • renforcer l’accès à l’aide médicale urgente (permettre aux sans-papiers de prendre une adresse de référence ; prolonger la carte médicale à un an) ;
  • favoriser l’accès à la scolarité pour les jeunes (écoles, mais aussi bibliothèques et centres sportifs, jusqu’à l’obtention d’un diplôme) ;
  • prendre en compte l’intérêt des familles et des enfants (ne jamais expulser les enfants) ;
  • restaurer la confiance envers la police (ne pas collaborer à la répression, aux arrestations, aux mesures liberticides, aux expulsions ; ne pas nier les droits humains ; certainement pas d’arrestations au domicile ou devant l’école ; privilégier le statut de victimes pour que les gens n’aient pas peur de porter plainte).

M. BEECKMANS souligne que la solidarité organisée par les associations ne doit pas occulter la grande précarité des sans-papiers. Il appelle enfin les pouvoirs publics à faire preuve de la même solidarité et, surtout, à ne pas opposer les uns aux autres. Nécessaire et vivifiante interpellation, à laquelle DS ne peut que s’associer !

M. CLERFAYT lui répond : « Merci de porter ce message sur les droits fondamentaux. Vous incarnez l’élan citoyen. » On vient d’apprendre que les politiques d’expulsion étaient mises en cause, ça doit amener le fédéral à réfléchir à sa politique.

Le Bourgmestre souligne certes que l’accueil des migrants relève principalement du fédéral, que si le niveau communal est en première ligne sur le terrain des désordres et de la précarité, il est en dernière ligne pour les décisions !

M. CLERFAYT remémore les événements des derniers mois. Il saisit l’occasion pour mettre en lumière tout ce que Schaerbeek fait déjà, notamment avec le CPAS : un chauffoir pour 300 personnes par jour, des locaux pour des conseils juridiques gratuits, une équipe spécifiquement formée qui accompagne 1.000 familles de sans-papiers, l’aide médicale d’urgence qui dure déjà un an, les projets de soutien scolaire. Il ne connaît pas de cas de parents dont les enfants auraient été refusés dans une école. La Commune soutient des projets d’habitants pour des logements de transit. Au sein de la police, dans la formation du personnel, il y a une volonté explicite et manifeste de lutter contre les discriminations. Si Schaerbeek a connu des bas et des hauts, le Bourgmestre redit son grand attachement au respect de l’état de droit et des droits humains.

Il marque donc son accord pour rédiger une motion au départ du texte qui est proposé, mais en reflétant la situation de Schaerbeek. Il promet qu’un groupe de travail va se réunir, rassemblant les groupes politiques (notamment Mme TRACHTE (ECOLO) et M. VERZIN (MR) qui viennent chacun de déposer un projet) ainsi que des représentants du mouvement citoyen. Ce sera pour le Conseil de janvier.

Il cède ensuite la parole à Mme DECOUX qui assure qu’au CPAS, on est extrêmement attentifs à la question : l’équipe est en réflexion constante sur la manière d’apporter de l’aide, y compris dans le cas des squats. Elle signale que le chauffoir paraît moins fréquenté cette année alors que, l’an dernier, il accueillait de 400 à 600 personnes par jour : « Ils peuvent y aller, il faut leur dire, on verra comment les aider. »

Vient le tour des réactions des différents groupes :

– M. VAN GORP félicite laconiquement ; au nom du groupe PS, il soutient l’interpellation : Schaerbeek doit rester un modèle ; un représentant du PS participera au groupe ;

– M. VERZIN souligne que les communes peuvent créer un cadre pour favoriser l’accueil des migrants ; il veut défendre une vision de la Commune dont la peur ne soit pas l’unique horizon ; il insiste sur l’importance des écoles, d’un accompagnement spécifique pour les MENA (mineurs non accompagnés), du soutien à l’intégration par l’apprentissage du français et par l’ISP, et de l’accès au logement digne ; évidemment, l’accueil administratif de qualité doit valoir pour l’ensemble des habitants ; et le gouvernement fédéral, en dépit du comportement du Secrétaire d’Etat, a quand même agi positivement – voir les chiffres de demandes d’asile (introduites, acceptées … il cite trop vite pour que je puisse noter) ;

– Mme METTIOUI (ECOLO) remercie les membres du collectif (« Ils font déjà de Schaerbeek une commune hospitalière ») : de protéger les personnes contre une politique honteuse, de lancer le débat aussi ; ECOLO soutient bien entendu (Mme TRACHTE attendait que le collectif interpelle) et veut même amplifier, et travailler sur le concret ;

– Mme QUERTON (LB) se réjouit de l’élan citoyen en faveur des migrants, durable et réel, elle propose que le fondateur de Serve The City (qui servent des petits déjeuners au Parc Maximilien) rejoigne le groupe de travail, et veut en profiter pour mettre en lumière toutes les initiatives de la Commune : le CPAS, les écoles, le BAPA (Bureau d’Accueil pour Primo-Arrivants) ;

– M. BERNARD (PTB) réfère à un rapport de Médecins du Monde qui qualifie la situation sanitaire de tragique mais souligne qu’elle serait pire encore sans l’accueil citoyen : « Chapeau à eux ! » ; il demande que le Conseil se positionne pour refuser le harcèlement

policier ; mais il s’inquiète aussi d’avoir lu dans la littérature produite par M. MODRIKAMEN que l’Echevin GUILLAUME « lutte âprement » contre les mariages blancs ou gris – L’Echevin DE HERDE bondit : « Scandaleux ! Rien à voir ! Vous êtes pour les mariages blancs ?! ». Le Bourgmestre abrège en ironisant : dans ce Conseil, vous êtes le seul à lire M. MODRIKAMEN !