On en arrive à un autre point vital pour l’avenir : la présentation du plan de construction d’écoles en vue de l’extension des capacités scolaires francophones et néerlandophones du pouvoir organisateur communal (aussi dit « Plan Ecoles »).
L’Echevin M. VANHALEWYN explique que ce plan a été conçu avec le département de l’Enseignement communal et celui des Infrastructures, au départ du cadastre des capacités scolaires, bâtiment par bâtiment, pour voir où on pouvait augmenter les capacités et, dans un second temps, en identifiant les endroits où on pourrait construire du neuf. Le Plan se subdivise en quatre points :
– les dossiers en cours (Van Oost, l’école 16 au boulevard Léopold III),
– les dossiers introduits auprès de la Communauté Française (Emile Max et l’école 3 rue Rogier),
– les dossiers résultant du remembrement du site Optima Grande rue au Bois : extension de l’école 10, implantation de l’école néerlandophone De Kriek « en dur » sur la moitié avant du terrain et relocalisation d’acteurs périscolaires,
– projets identifiés comme faisables ou souhaitables à moyen et long termes (au-delà de 2020), mais qui nécessiteront des subsides des prochaines majorités (Région, Communautés) ; le Plan a été élaboré en espérant que ces niveaux de pouvoirs financent autant que ces derniers temps.
L’Echevin tient à saluer l’excellente collaboration inter-services, notamment entre les administrations néerlandophone et francophone, il est réjouissant de voir ces administrations commencer à travailler ensemble. Cela a produit, pense-t-il, le plan le plus ambitieux qu’une commune ait déposé pour faire face aux évolutions qui l’attendent.
M. DE HERDE se dit fier de présenter dans les temps ce plan qui répond à la question démographique et maintiendra un enseignement de qualité dans des écoles sereines. Il
s’inquiète par contre des autres pouvoirs francophones : l’enseignement libre catholique n’a pas les moyens de se développer, la Communauté française ne prévoit pas de se développer sur Schaerbeek, seul l’enseignement libre islamique souhaite ouvrir deux écoles sur le territoire de la commune ; la commune supporte donc seule une lourde responsabilité. Enfin, seuls deux projets ont été soutenus au cours de la dernière législature (les écoles 14 et 16) : deux projets par mandature, c’est insuffisant ! Il appelle donc lui aussi les élus des autres niveaux de pouvoir à s’assurer que les budgets restent à la hauteur des besoins. A défaut de ces subventions, on devrait revoir le plan à la baisse.
Il distribue un document de cinq pages détaillant les projets, les coûts estimés, les subventions espérées (hors Région, car on n’est pas sûr que le système actuel y soit prolongé), une estimation temporelle (sans garantie car on est fort dépendant du personnel disponible et des exigences urbanistiques). L’ambition du Plan est de créer plus de 3.500 places du côté francophone, soit un effort considérable en ligne avec les estimations des démographes. Terminant sur une note emphatique « les générations futures sont un vrai trésor », l’Echevin espère un consensus au-delà des oppositions, en tous cas sur les objectifs globaux. Il sera déçu !!
Mme BYTTEBIER aussi est contente qu’il soit désormais possible de travailler de façon proactive, dynamique et en bonne collaboration, c’est vraiment une nouveauté (même si elle remercie encore l’ancien échevin DENYS pour ce qui a été lancé en la matière) et cela va permettre de maximaliser les moyens dans l’intérêt de la Commune. Les engagements pris dans l’accord de la majorité prennent une forme concrète avec ce Plan. Ils ont travaillé sur l’évolution de deux écoles communales néerlandophones ; concernant le grand projet Van Oost entre Cage aux Ours et Pavillon, on voudrait donc bâtir pour 2016 une école néerlandophone, une école francophone et une infrastructure sportive ; enfin, Grande rue au bois, les élèves et les enseignants doivent encore être patients, la question des containers devrait se résoudre, mais on cherche un soutien politique du côté flamand pour le projet dit Optima, appel à M. van den HOVE !
Le sujet est ardu, les conseillers de la LB que j’aperçois de ma place s’en sont lassés et « jouent » avec leurs tablette ou smartphone !!
M. VERZIN monte au créneau en pointant les trois gros défauts de ce Plan, selon lui :
– on n’a pas ici de plan de gestion, ni rien qui concerne les futurs cofinancements,
– on ne prend pas en compte les normes de construction de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
– il n’y a pas eu de concertation avec les écoles ni avec les équipes pédagogiques.
S’il est d’accord avec beaucoup de projets concrets, par contre il désapprouve fermement ceux-ci :
– les projets qui menacent l’école de la Vallée, le PMS 2 et l’école de formation technique (le Collège envisage de « construire un supermarché sur le terrain d’une épicerie » et de galvauder les investissements du Collège précédent) ; d’ailleurs, à Cambier, on ne peut pas construire, c’est en zone sportive ;
– concentrer la promotion sociale dans le bâtiment aujourd’hui occupé par Lire & Ecrire serait insuffisant tout en cassant l’outil d’alphabétisation et en pénalisant lourdement ce secteur.
Il s’enquiert du développement de l’athénée Fernand Blum et suggère de regrouper les PSE (Services Promotion de la santé à l’école), pourquoi pas à l’actuel Musée de la Bière (est-ce de l’humour ??). En conclusion, le MR qualifie ce Plan Ecoles de « château de cartes construit sur le sable » et demande au Collège de retirer les projets qui contiennent de graves erreurs d’appréciation.
M. GILLES, qui avait travaillé dans le cabinet de M. DENYS, se réjouit de la continuité, et de l’ambition du Plan ; il remercie services et cabinets ; se réjouit aussi qu’on veuille attribuer des terrains à l’enseignement néerlandophone, qui est quand même fréquenté par 20% des enfants ; il encourage à trouver une autre solution que les containers Grande rue au Bois parce que ça coûte cher, il évoque le Ministre SMETS pour des investissements. Je ne comprends pas tout. Ni de l’intervention de M. van den HOVE, qui revient sur les fameux containers ; moins négatif que M. VERZIN, je comprends quand même qu’il félicite pour le Plan et pour la bonne collaboration, et qu’il annonce sa participation active.
M. LAHLALI remercie le Collège de permettre que l’on discute de ce plan mais il souhaite une feuille de route ambitieuse et plus de certitudes sur les subventionnements par la Communauté Française ; il s’interroge aussi sur les dates et les chiffres avancés, sur les lieux d’implémentation, choisis « au hasard », et sur les projets en matière de terrains (réalistes ?). Il relaie également les griefs de l’Echevin MR sur l’absence d’implication des directeurs et des enseignants, et sur les projets de déménagement de services : notamment l’école de la Vallée qui vient à peine d’emménager, sachant qu’elle accueille des enfants présentant des problèmes spatiaux qui ont donc particulièrement besoin de repères, il ne faut pas la faire redéménager ; quant à l’ASBL Lire & Ecrire, elle rend bien des services et on la ferait déménager, sans s’être concerté avec elle ?! « On défait ce qu’on a fait il y a peu de temps. »
M. BERNARD (PTB) dit sa déception de ne trouver qu’un plan d’expansion des capacités scolaires, alors qu’il y a d’autres points à concrétiser, comme l’immersion linguistique ; il souligne le déficit pour le quartier Gaucheret (l’offre est déjà médiocre actuellement, le chemin de fer forme barrière, et ce que le Plan prévoit (école 8) n’est pas suffisant). Enfin, il s’inquiète du timing : l’enseignement maternel est en pointe dans le boom démographique et le problème est déjà présent ; en prévoyant le gros de l’effort pour 2016, on sera trop tard !
Au contraire, la majorité est évidemment enthousiaste, et quelques-unes de ses représentants vont tenter de rassurer les intervenants de l’opposition : Mme QUERTON (LB) souligne le fait qu’il y a déjà pas mal de places supplémentaires prévues dès 2014 pour répondre aux besoins démographiques ; Mme TRACHTE (ECOLO) attire l’attention sur l’importance de l’apprentissage de la langue de l’enseignement, du soutien aux enseignants et de l’amélioration de la qualité des bâtiments, de l’accueil, de l’enseignement ; toutes deux se disent soucieuses d’écoles (secondaires) orientées vers les pédagogies nouvelles, notamment un projet couplé avec Evere ; avec Mme ÖZDEMIR, elles insistent sur l’importance des synergies entre les différents niveaux de pouvoir, des initiatives à prendre par les Communautés pour financer les projets, des cofinancements (60% de la Fédération Wallonie-Bruxelles) ; la Conseillère ECOLO admet que, si certaines aides sont déjà promises, d’autres ne le sont effectivement pas, mais elle précise que le ministre actuel des bâtiments scolaires à la Communauté française soutient les projets comme jamais : « Pourvu que ça dure » !
Les échevins ont le dernier mot, se permettant un renvoi de balle à leurs prédécesseurs :
– M. VANHALEWYN concernant les délais : « L’Echevin précédent aurait dû introduire des dossiers » ; il précise que les relocalisations, liées au choix rationnel de concentrer les infrastructures, seront accompagnées par le Collège de façon créative, mais que ce n’est de toute façon pas pour demain ;
– M. DE HERDE, tout en remerciant les intervenants pour leur intérêt, interpelle MM. LAHLALI et VERZIN, « qui savent bien comment marche le financement des projets ».
A 22h30, épuisée, je m’éclipse. Avant les votes, avant la demande de M. VERZIN que soit créé un conseil schaerbeekois du dialogue interculturel et de la citoyenneté, et avant la question de Mme LORENZINO (LB) sur l’évolution du projet de parking souterrain sous la Place Dailly. Qu’ils m’en excusent, ainsi que les lecteurs qui m’auront lue jusqu’au bout et que je laisse sur leur faim …?!