On passe aux points inscrits à la demande de conseillers communaux.
Le Bourgmestre prévient sèchement M. BERNARD : pour son intervention sur la politique locale de la formation et de l’emploi, il a droit à cinq minutes !
C’est que le Conseiller PTB voudrait des explications sur l’action de l’Échevin NOËL, sur sa politique de l’emploi, les leviers qu’il actionne, son pilotage. Il demande des nouvelles de JSC (Jeunes Schaerbeekois au Travail) et de la Mission Locale : le cadre du personnel a-t-il évolué depuis 2013, où le personnel s’était trouvé dans une tel état d’épuisement qu’il avait fallu suspendre le travail pour six semaines ? On attendait un plan d’action solide, une coordination entre les structures, et on n’a pas de bilan plus récent que 2015 !
Mais M. BERNARD est surtout particulièrement amer d’avoir découvert l’emploi à temps plein que M. NOËL occupe à la SRIB (Société Régionale d’Investissement de Bruxelles) et qui fait de lui un des politiciens les mieux payés du Royaume ! Il gagne ainsi plus que Mme MERKEL ! M. BERNARD est choqué des montants qui ont été publiés, il déplore l’immense cassure avec les citoyens et se demande quel investissement M. NOËL peut bien consacrer à son mandat à côté de ce temps plein : un tel cumul rend impossible de prendre au sérieux son travail d’échevin ! Il sait qu’on va lui répondre que le poste d’échevin est un mandat, pas un contrat, et qu’on peut se contenter d’y consacrer deux heures par jour. Mais M. BERNARD ne trouve pas admissible qu’une commune de 130.000 habitants n’ait pas un échevin à temps plein pour s’occuper de l’emploi.
Il espère des justifications concrètes. Il voudrait aussi l’avis de tous les groupes à ce sujet, et souhaite que le Conseil se distancie des propos du Bourgmestre. Et il compte bien que M. NOËL en tire les conséquences.
Les réactions sont prudentes, ce ne sera pas le lynchage qu’on a pu voir dans d’autres instances récemment. On commence par deux sons de cloche au PS :
- M. VAN GORP ne répondra que quand il y aura une démocratie interne au PTB !!
- M. ÖZKARA demande les résultats des investigations sur les dysfonctionnements à la Mission Locale : qu’est-ce qui a été récupéré ? Quelles conséquences a-t-on tiré des dysfonctionnements ? Il souhaite toutefois être constructif sur le projet. Il pense que, pour affiner la politique de lutte contre le chômage, il faut des actions ciblées sur des profils bien spécifiques. Il demande les résultats en termes de mise à l’emploi, et les nouvelles mesures qu’on va prendre pour remettre à l’emploi. Tout en refusant la récupération politique, il estime que la situation requiert des moyens et de l’investissement personnel : ça mériterait un investissement à titre principal, et pas accessoire.
Mme DURANT ne peut que rappeler la règle qu’applique ECOLO. Mais ele ne pense pas que Schaerbeek va pouvoir faire bouger la législation pour atteindre les avancées que son groupe préconise …
M. VERZIN s’inquiète de la bonne gouvernance au sein de la Mission Locale, qui accuse 750.000 € de déficit. Son groupe est en train d’examiner les comptes 2015-2016 et déposera prochainement ses conclusions. Il n’y a pas de doute que M. NOËL s’impliquait fortement il y a 20 ans. Mais qu’en est-il encore aujourd’hui …? Le groupe MR estime que c’est à la Région de régler l’autorisation de ces cumuls actuellement revêtus de légalité apparente. Le Bourgmestre a publiquement assuré M. NOËL de sa satisfaction et de sa confiance. Mais cela n’empêche pas qu’il faille s’interroger sur les mandats, sur leur adéquation pour l’exercice des fonctions et sur la transparence. C’est une question de légitimité du politique : nous devons répondre clairement pour éviter les dérives populistes !
Le Bourgmestre donne alors la parole à son Echevin. M. NOËL estime que sa situation est légale et connue depuis longtemps. Les cumuls entre profession et mandat sont de toutes les époques. C’était le cas, en leurs temps, pour Louis BERTRAND ou Paul-Henri SPAAK, pour l’ancien bourgmestre de Schaerbeek ou pour tel échevin administrateur-gérant de la CIBE et comptable de profession (de qui s’agit-il ??). « Les mentalités évoluent. A partir de 2018, la Région bruxelloise interdit les cumuls. Il fera son choix. »
Il assure présider et participer à toutes les réunions où il doit être, tout en étant acteur de terrain. D’ailleurs, en Région bruxelloise, Schaerbeek est considérée comme précurseur dans la lutte contre le chômage. Il explique qu’il faut être attentif aux caractéristiques de la population, et que l’action doit dépasser tous les niveaux de pouvoir, puisque tous sont impliqués : enseignement, culture, connaissance des langues, … L’Échevin donne un long exposé, de nombreux chiffres, des listes d’associations et d’initiatives.
Par ailleurs, il trouve malheureux qu’on utilise à des fins politiciennes la situation de la Mission (malversations découvertes en 2015 malgré que le fait que les comptes étaient certifiés par un expert extérieur ; plainte au pénal a été déposée, et il s’y est joint à titre personnel – sur conseil de Mme ONKELINX). Les statuts en ont été modifiés à sa demande, pour donner un rôle plus important aux représentants de la Commune. Et il a une bonne nouvelle à annoncer : sur 2016, les comptes seront à l’équilibre !
Toutes ces explications n’empêchent pas M. BERNARD de continuer à s’interroger sur l’emploi du temps de l’Échevin avec un tel job à côté. Le Conseiller a ainsi fait le décompte des absences de M. NOËL au Collège depuis janvier : quatre réunions manqués sur neuf. Le bon travail en matière de remise à l’emploi semble être surtout celui des ASBL actives sur le terrain. Les acteurs reconnaissent d’ailleurs que M. NOËL a créé des choses, mais aujourd’hui, il n’y a plus de capitaine, plus de vision, plus de chantiers … En conclusion, M. BERNARD regrette que les autres groupes « fassent l’autruche ».
M. NOËL s’énerve vraiment et rétorque qu’il est en réunion chaque semaine à la Mission ! Que M. BERNARD aille plutôt voir les directeurs de ces associations, pour juger de son investissement !
M. ÖZKARA apprécie l’ensemble des informations reçues. Cela étant, ils avaient espéré un geste. Certes, la situation de M. NOËL va changer en 2018 mais uniquement parce qu’il y sera obligé par la Région ! Ils avaient espéré « un choix clair, ou une diminution de son temps de travail à la SRIB. M. NOËL ne l’envisage pas. Ils en prennent acte, avec son groupe. C’est dommage … »
M. CLERFAYT conclut en disant qu’il n’a ni le pouvoir ni l’envie de contrôler les horaires des échevins. Il croise souvent M. NOËL à des événements le week-end. Selon lui, les heures sont prestées. Le Bourgmestre se dit fier du travail de son Échevin. Sa vision des choses : « Les citoyens sont l’employeur. Beaucoup travaillent, d’autres ne font rien : le peuple choisit. » « Quand M. NOEL a été élu, personne sauf M. BERNARD n’ignorait sa situation » ( ?!?? Hé bien, nous étions deux, en tous cas ?!? Et quand même quelques autres, qui ont été édifiés par le récent article de presse !).
Il reste à espérer que la Région fasse le ménage car le problème me paraît être davantage du côté de cet emploi à temps plein (est-il vraiment possible qu’il soit presté comme tel, vu le nombre d’instances où M. NOËL s’implique à Schaerbeek ?), ainsi que dans les activités et l’organisation de cette société régionale …
Est-il enfin nécessaire de commenter l’indécente rémunération proméritée par quelqu’un qui doit être conscient des conditions de vie d’un DEDA (abréviation utilisée dans ses notes par M. NOËL pour « demandeur d’emploi – demandeur d’allocation ») … ? M. NOËL est donc sans doute au courant qu’il existe désormais aussi des DE tout court, soit des « demandeurs d’emploi privés d’allocations pour économiser les deniers publics » … Ce qui pourrait lui permettre, peut-être, d’entrevoir la raison des ‘évolutions de mentalités’ et de la disparition du ‘consensus social paisible’ qu’il déplore concernant l’appréciation qui est faite de sa situation très privilégiée …).