L’hôtel communal est pris d’assaut par de jeunes sportifs : ils sont là « pour manifester pour le terrain de football », m’explique l’un d’entre eux dans l’escalier, espérant que je suis venue m’associer à leur mouvement. La salle est comble. Juste derrière le banc de presse, j’entends de jeunes citoyens guetter l’arrivée de … Herman VAN ROMPUY !!
Il ne viendra point, pas plus que les excusés, Mmes DURANT, ONKELINX, BOUARFA et HEMAMOU (qui fait encourager ses collègues à porter le petit ruban blanc, signe de la lutte contre les violences faites aux femmes), et MM. van de WERVE et ÖZKARA,. Ce n’est pas grave, le plus documenté de mes petits voisins connaît aussi Bernard CLERFAYT et le montrera à ses copains ! La séance débute à 18h40.
On l’aura compris, en premier point, il sera question des travaux au Stade du Crossing avec une interpellation de M. BAKKALI, qui prend la parole au nom des parents et des entraîneurs du Racing de Schaerbeek. A côté de besoins très concrets (une tribune et une buvette), il y a une demande beaucoup plus fondamentale d’obtenir, dès à présent, la garantie qu’ils pourront continuer à profiter du stade une fois les travaux finis, sous la forme d’une concession d’occupation des infrastructures. Il semble que les décideurs politiques caressent un projet de fusion avec d’autres clubs. M. BAKKALI s’inquiète : « Nous n’aurions plus la tête de l’emploi, une fois le stade rénové ?! », même s’il ne ferme la porte à aucune solution, assurant qu’ils s’entendent bien avec les autres clubs. Il demande donc à en savoir plus sur la volonté des politiques et sur le cadre dans lequel leur club évoluera à la fin du chantier. Il recueille des applaudissements dignes d’un stade olympique !
La parole est à l’Echevin KÖSE, malgré une tentative de dribble par M. EL ARNOUKI (cdH) qui, très remonté, aurait souhaité parler en premier. La Bourgmestre répète les règles du jeu.
Sur la question principale, les réponses venant des élus de la LB seront trop évasives pour être rassurantes. Certes, l’Echevin jure de son amour du sport, rappelle tout ce qu’il a déjà fait en faveur du Racing (notamment annulation d’une dette importante, installation de vestiaires mobiles, mise aux normes des buvettes) et il signale qu’on a fait des frais pour des aménagements provisoires afin de permettre au club de continuer à fonctionner pendant les 18 mois que devrait durer le chantier (un terrain synthétique à Renan, trois petits containers pour entreposer le matériel, un autre container en guise de lieu d’accueil). Par contre, il semble impossible d’aménager une tribune sur ce site classé.
L’Echevin se fait ensuite lyrique pour évoquer son rêve d’un grand club de football à Schaerbeek, où tous les talents pourraient s’exprimer. Alors, avant de signer une convention, il veut entamer ce chantier avec eux. Il fait quand même devant tous les jeunes sportifs une promesse formelle : « Vous jouerez au football dans ce stade ! »
Ce sont les réactions des autres partis qui m’amènent à penser qu’il y a quelque chose de pas net là-dessous : selon M. EL ARNOUKI, il est faux de prétendre, comme l’aurait fait M. CLERFAYT (LB), qu’il serait juridiquement impossible de conclure une convention avant la fin des travaux ; M. COURTHEOUX (PS) estime légitimes les craintes qui ont été exprimées, lui-même s’inquiète du manque de transparence et de communication, et il plaide pour que le Racing soit associé dès maintenant à la définition des règles du jeu pour l’avenir et à l’élaboration des critères qui vont présider à la fusion.
M. CLERFAYT commence son intervention de façon provocante (« En tant que Bourgmestre … »). Il parle d’ambition, de ‘business’ (je ne comprends pas tout). Il est bruyamment interrompu à plusieurs reprises par le conseiller cdH qui ne se maîtrise plus. Moi qui tente d’y voir plus clair, je sens l’écran de fumée : « Il est légitime d’entamer avec les jeunes, avec les clubs, avec les parents, une réflexion sur notre ambition sportive. Le but est évidemment d’avoir des infrastructures dignes pour les jeunes qui y jouent : tous les jeunes de Schaerbeek le méritent. » On ne peut rien trouver à redire à cette phrase, que le jeune public (leurré ?) salue bruyamment, mais dont je sens pourtant qu’elle est pleine de sous-entendus.
M. VANHALEWIJN enfin, pour ECOLO, clôture les interventions des conseillers : « Le stade convenait aux occupants actuels quand il était délabré, et il ne serait plus pour eux après ?! Non ! D’accord que le stade rénové puisse accueillir un grand club ou des clubs fusionnés : ECOLO n’a aucun tabou. Mais il veut que ça se fasse dans l’intérêt du foot, et pas dans l’intérêt de telle ou telle personne, et il veut la garantie que les occupants actuels pourront y jouer ! » Applaudissements nourris !!
M. BAKKALI est exceptionnellement autorisé à ajouter un commentaire : au sujet de la dette généreusement effacée, ce n’est pas étonnant qu’un club ait des problèmes financiers quand il est contraint de fonctionner dans des installations non conformes. Confiant et plein de bonne volonté, M. BAKKALI assure qu’avec de meilleures installations, ils feront du meilleur travail, et donc de meilleurs résultats, ce qui engendrera de la publicité et de la visibilité pour la Commune.
La Bourgmestre clôture le point en répétant le leit-motiv de la LB dans ce débat : « Il faudra que les installations profitent à tous les jeunes Schaerbeekois. »
La salle se vide rapidement, même si le brouhaha persiste longtemps dans l’escalier. Je m’interroge sur ce que les jeunes sportifs auront réellement compris des interventions de ce soir … Je ne peux pas imaginer qu’un grand club qui évoluerait dans ce stade rénové ne les réduiraient pas à être des utilisateurs de seconde zone, devant s’accommoder d’horaires difficiles, pour laisser la priorité au club vedette …