cc 2011-02-23: 1. Interpellation populaire Rue de Progrés.

« Nous on reste là
On ne bougera pas
Tant qu’Infrabel ne nous reloge pas ! »
(le chant du Comité Progrès-Nord )

Voilà ce que chantait la centaine d’habitants, qui, provenant du quartier menacé, rue du Progrès, manifestait devant l’hôtel communal, avant d’y pénétrer pour soutenir l’interpellation citoyenne prévue à ce propos. L’action est appuyée par Inter-Environnement, l’Arau et par Albert MARTENS, l’ancien animateur du Comité du Quartier Nord en lutte contre le plan Manhattan… il y a 45 ans ( salut l’artiste et bravo pour cette fidélité militante !), aujourd’hui membre actif de Démocratie Schaerbeekoise.
L’ami Albert brandissant un mégaphone ainsi que la mélodie du G.A.M. ( Groupe d’Action Musicale), reprise par les gens, place Collignon, tout cela procurait un petit frisson nostalgique à cette soirée.
Une fois installés dans la salle avec leurs affiches et leurs pancartes revendicatives et encadrés par la maréchaussée aux aguets, les habitants de la rue du progrès, très attentifs et de plus en plus énervés, vont écouter leur porte-parole, Madame Hediye KOTAOGLU, s’adresser au conseil communal.

On connaît le problème : 85 ménages (soit près de 200 personnes) risquent d’être expulsés de leur logement en raison du projet, « Quadrilatère Nord » d’Infrabel (filiale de la SNCB) qui vise à augmenter la capacité de la jonction Nord-Midi et pour ce faire, compte détruire une trentaine de maisons des n° 224 à 270, rue du Progrès, en invoquant des « raisons d’utilité publique ».
Le Comité conteste le bien fondé du projet et pense que des alternatives à ces démolitions ont été trop vite écartées.
Au cas où les autorités ne changeraient plus d’avis – ce qui est plus que probable – les habitants demandent à la commune de faire pression sur la Région pour que celle-ci refuse de délivrer le permis d’urbanisme, tant qu’Infrabel ne s’engage pas clairement à reconstruire dans ce même quartier l’équivalent des logements détruits. Ils veulent aussi que la commune en fasse plus que l’accompagnement social promis. Ils estiment encore que l’information est insuffisante et exigent enfin des indemnités suffisantes pour tous les locataires.
Bref, ils réclament un engagement plus déterminé de la commune vis à vis d’Infrabel pour défendre leur droit au logement.
Cécile JODOGNE dit comprendre l’émotion des habitants et rappelle longuement toutes les initiatives déjà prises par le Collège, notamment la signature de deux conventions entre Infrabel et la commune, la première concernant l’accompagnement des locataires expulsés, la seconde à propos des réaménagements à effectuer, à l’achèvement des travaux ferroviaires. Elle répond point par point à toutes les revendications et conclut que la commune a rempli toutes ses obligations et même un peu plus, mais qu’elle n’a pas à se substituer à Infrabel pour reloger les expulsés. Comme c’est la SNCB qui a la maîtrise du projet, la bourgmestre f .f. ne peut préciser les délais de la procédure, ce qui est insupportable pour les habitants.
Les quatre chefs de groupe, Denis GRIMBERGHS, Laurette ONKELINX, Vincent VANHALEWYN et Bernard CLERFAYT, interviennent pour que le lobby schaerbeekois, tous partis confondus, fasse pression sur la Région, afin d’obtenir davantage de garanties en matière de relogement et d’indemnités de la part d’Infrabel, le grand absent de ce débat.
Quelques habitants sont très déçus par les réactions de la bourgmestre et des conseillers communaux et laissent éclater leur colère. Le débat se clôt dans le brouhaha et par une interruption de séance, ce qui permet la poursuite des discussions informelles dans le hall d’entrée !
Que penser de cet exercice de démocratie participative ? Il est indispensable, tout en montrant ses limites. Il met en lumière la complexité des réalités politiques, notamment parce qu’il s’agit d’arbitrer entre 2 légitimités, le droit au logement et le droit à des transports publics performants et parce que cette confrontation se déroule en l’absence de l’institution principale (Infrabel). Il y a eu aussi des erreurs de communication, des occasions manquées depuis l’annonce du projet en 2005 et, selon des proches du Collège, un manque d’empathie et de présence de la bourgmestre sur le terrain.
La balle est maintenant dans le camp de la Région. Fin du point 1.