cc 2004-06-30: 1. « Livre Blanc » de l’enseignement communal francophone

il s’agit d’un texte préparé par les directeurs d’école, en concertation avec le coordinateur pédagogique, un directeur honoraire et l’inspecteur pédagogique. Ce sera le gros morceau de la soirée, le CC voulant ce soir-là se donner le temps de débattre de l’avenir de l’enseignement communal (ses ambitions, sa volonté, ses priorités). Tous les élus salueront la qualité du travail accompli par les auteurs du livre blanc. Seul M. DECAT (Blok) manifestera sa désapprobation par de longs et bruyants apartés avec ses co-listiers, ce qui obligera le Collège et les conseillers à s’époumoner pour se faire entendre.

Le document présente 23 propositions que le CC va faire siennes moyennant quelques amendements, et une fois n’est pas coutume, la disparate majorité schaerbeekoise va se positionner de façon unanime devant l’opposition cdH, en réaffirmant très haut et très fort le caractère humaniste et laïque de l’enseignement communal. Mme DE DYN (MR) sera en pointe de cette charge (moyen-âgeuse, selon Mme NYSSENS – cdH), pour « promulguer le libre examen » et prôner la tolérance !! Seuls s’abstiendront sur ce point MM. EL ARNOUKI (ECOLO) et NOEL (Echevin MR), ce dernier plaidant pour le pluralisme et estimant que la laïcité philosophique est du ressort de la vie privée. Mais M. GRIMBERGHS (cdH) n’aura pas peu contribué à lancer ce nième épisode de la guerre scolaire en demandant que la Commune alloue des fonds pour soulager dans leurs tâches administratives tous les directeurs de l’enseignement fondamental, que la Commune organise l’accueil extra-scolaire pour tous les enfants, et qu’elle soit attentive à telle école secondaire communale qui refuse d’inscrire les élèves n’ayant pas 70% de moyenne (« C’est relever la paille dans l’œil du voisin, sans voir la poutre dans le sien », assène M. CLERFAYT) !

Je ne dispose pas du livre blanc sur le banc de presse mais sur base des interventions, je comprends qu’il y est question (pêle-mêle) de projets pédagogiques, de synergies, de lutte contre l’analphabétisme, d’accueil extra-scolaire, de formation des nouveaux enseignants, des bibliothèques, d’un site Internet, de gestion participative (le Bourgmestre promet qu’on approfondira en commission la question des conseils de classe), mais aussi de singulariser le profil des établissements.

Pour l’occasion, les représentants de chaque parti s’offrent le plaisir d’exposer en long et en large le chapitre « enseignement » de leur programme électoral. Le MR plaide notamment pour voir inculquer aux enfants le plaisir de l’effort et les contraintes de la pensée (!), et pour que l’examen communal soit réinstauré ; il faudrait aussi que l’enseignement spécial dispose systématiquement d’enseignants spécifiquement formés, et de thérapeutes aussi performants que dans le privé.

La discussion s’éternise. Je note quelques points saillants, âprement discutés :

  • s’agit-il, comme le prône le livre blanc, que chacun se détache de sa culture particulière pour converger vers « la Culture » (le Blok est enchanté : il s’agit sûrement de la culture occidentale !) ? Le Conseil communal vote un amendement pour encourager plutôt l’enseignement communal à « valoriser un système d’attitudes respectant les identités culturelles et autorisant le dépassement des cultures d’origine » (Mme BOUARFA, du PS, s’abstient : pourquoi vouloir déraciner les gens ?) ;
  • comment peut-on promouvoir l’hétérogénéité du public dans chaque école, comme le souhaite M.EL KHATTABI (ECOLO), qui a déposé un amendement dans ce sens ? Tous les groupes de la majorité sont certes d’accord pour refuser que la société de demain soit déjà pré-stratifiée dès la plus tendre enfance ; pour l’Echevin LAHLALI (PS), l’homogénéité des publics, que l’on déplore, tient en fait aux critères pédagogiques des écoles, et surtout à la dualisation de la société. L’amendement est finalement adopté, contre l’avis de M. DURIAU (MR) qui ne voit pas comment une école de quartier pourrait refuser des enfants d’origine étrangère sous prétexte qu’ils seraient déjà trop nombreux dans l’établissement ; l’Echevin GUILLAUME (MR aussi), lui, s’abstient.

Finalement, le cdH s’abstiendra donc lors du vote solennel d’approbation et d’adoption demandé par M. CLERFAYT pour ce livre blanc … Le Collège s’engagera par ailleurs à une évaluation périodique de la mise en œuvre.