M. Clerfayt le détaille brièvement, puisqu’il a déjà été présenté, et discuté en commission. Il n’y manque plus qu’un vote formel.
« Continuer ensemble le changement, programme de la nouvelle majorité de progrès » !
Le Bourgmestre emprunte à l’opposition sa terminologie, et beaucoup de représentants ne vont pas se retenir durant deux longues heures, pour lui dire ce qu’ils pensent du programme, admettant toutefois que pas mal de points annoncés rejoignent le programme qu’eux-mêmes ont défendu pendant la campagne … !!! Voire s’en attribuant carrément la paternité, comme Mme Onkelinx (PS) qui, entamant le débat, rappelle que le programme du PS était sorti le premier (la guéguerre continue …) ! La loi du 5 février 2001 qui instaurait l’obligation d’un programme de législature voyait celui-ci comme un moment important pour une commune : Mme Onkelinx déplore de recevoir un copié-collé d’anciennes notes, sans traduction budgétaire ; un projet flou et manquant de contenu, alors qu’il devrait être un exercice de transparence de la part des élus ; elle souligne en général le manque d’intégration dans les programmes régionaux (logement, économie et emploi – problèmes de couleurs ?), et plus particulièrement
- la langue de bois concernant la jeunesse,
- l’enseignement traité en quelques grandes phrases qu’on pourrait trouver dans tous les programmes de majorité du Royaume,
- rien de concret concernant l’économie et l’emploi,
- rien du tout contre les incivilités, et des renvois trop faciles au futur PCD (Plan communal de développement).
Elle anticipe enfin sur la suite de l’ordre du jour en dénonçant la diminution du nombre des commissions et les tentatives de limiter le temps de parole : « Le problème de la LB avec son partenaire ECOLO rejaillit sur l’opposition alors que celle-ci est prête à participer activement en une alliance des partis démocratiques ». Mme Onkelinx enfin se plaint du placement de son groupe dans la salle : « Trop loin du public ! C’est un manque de respect de l’opposition » (!? L’opposition s’est pourtant toujours trouvée là, à ma connaissance … !)
M. Grimberghs enfonce le clou : ce texte inachevé est présenté sans qu’une virgule en soit changée ! Quid des priorités ? quelle hiérarchie ? Comment ce document pourra-t-il servir de moyen d’évaluation ? Comment va-t-on atteindre ces objectifs ? En fait, les partis de la majorité semblent n’avoir pas arbitré entre eux les questions qui les séparent fondamentalement, comme la mobilité ou la sécurité. Et le PCD, ça fait longtemps qu’il aurait dû être approuvé !
Le PS inaugure ce qui doit représenter pour lui une « participation active », en applaudissant les interventions. Cela se révèle vite ridicule : sommes-nous au théâtre ?! La politique est-elle un spectacle ? La suite de la soirée ira effectivement dans ce sens, avec dans le rôle de la meneuse de revue, la greffe externe – décidément, ça ne prend pas …
M. Courthéoux embraye sur le « catalogue de bonnes intentions de l’accord de majorité », auquel ne manquent que des objectifs, des délais, une quantification, des choix et un budget ! Si ces bonnes intentions sont mal orchestrées, elles vont vite devenir mauvaises … Bref, M. Courthéoux reste sur sa faim.
M. Demol (VB) s’impatiente : quand va-t-on mettre tout cela en œuvre ? Particulièrement, sur le plan de la propreté publique et de la sécurité, « La situation empire, hélas le commissaire Demol est parti ! ».
Cela n’empêche pas la majorité d’être satisfaite de son programme :
- M. Köksal (LB) salue un programme original et ambitieux, de qualité et concis ; la LB s’engage à faire preuve d’envergure et de créativité, et ils agiront pour TOUS les Schaerbeekois ;
- Mme Durant (ECOLO) y voit un bon cahier des charges, et promet que chaque échevin va venir avec ses propositions ;
- Mme De Dyn (LB) promet de la bonne gouvernance (le PS s’esclaffe et Mme Onkelinx sourit avec condescendance), des évaluations régulières, avec présentation du bilan au Conseil et au public, et elle se réjouit des performances atteintes par les services communaux ;
- Mme Lejeune (LB) se dit ravie de travailler à ce programme, particulièrement en ce qui concerne l’enseignement (importance des projets pédagogiques avec comme valeurs à transmettre, à la fois la neutralité et l’initiation à la culture des autres, acquisition des compétences de base, connaissance des langues pour lesquelles elle souhaite qu’on envisage école bilingue et classes d’immersion, partenariats entre écoles et associations – acteurs culturels, sportifs et économiques).
Du côté de l’opposition encore, M. El Arnouki (cdH) déplore :
- le manque de volonté et d’efforts transversaux de la part de la majorité dans le dossier du Crossing,
- le manque de détails sur l’enseignement (nouvelles écoles ? remédier à la connaissance insuffisante du français ? enseignement du néerlandais, bibliothèque bilingue, immersion linguistique, etc …),
- et surtout la façon beaucoup trop évasive dont est traité l’aspect de la solidarité internationale.
Mme Bouarfa (PS) énumère des revendications qui lui tiennent à cœur : des policiers formés pour accueillir les victimes de violences conjugales, un usage maîtrisé des images des caméras de surveillance, une lutte réelle contre la spéculation immobilière (immeubles abandonnés), le combat contre les accidents dus au monoxyde de carbone, une rénovation des logements qui tienne compte des familles nombreuses, de l’innovation sur la question des personnes âgées d’origine étrangère en maison de repos, une collaboration avec l’opposition dans le projet de la Maison des femmes, un guichet unique en matière d’emploi et de commerce (e.a. pour gérer le développement des phone shops dans de bonnes conditions). Mais elle s’indigne aussi déjà sur la question des commissions, dont le travail est si important : comme « éternelle conseillère », elle s’y est toujours associée et elle ne comprend pas la décision.
Cela devient vraiment long, mais pour la première fois, je suis impressionnée par le silence et l’assiduité générale (ne seraient les applaudissements stupides émanant du banc de Mme Onkelinx) …
M. Van Gorp (PS) ironise sur la soi-disant collégialité du texte, et sur le projet des kobans (« Tortues Ninja ? »), prédit que rien ne sera fait pour les trottoirs, et que l’organisation des fêtes va se casser la figure car elle démarre trop tard ; il rappelle tout ce que la majorité hérite de son passage, et se réjouit d’avoir retrouvé ses racines : être à l’écoute de la population !!
M. Lahlali (PS) fait de la corde raide pour critiquer ce qui est annoncé pour demain sans devoir justifier pourquoi cela n’a pas été accompli quand il était aux commandes : quid de la mise en œuvre du Livre blanc, comment encourager l’accueil des jeunes enfants à domicile, comment faire mieux que de l’occupationnel pour la jeunesse, comment sortir des caves la bibliothèque de Helmet ?
La majorité remonte au créneau :
- M. Öztürk (LB) félicite le Collège d’être parvenu à réduire les déficits et déplore le comportement lent et avaricieux de la Région pour ce qui est de subsidier la rénovation des logements sociaux ; ses conseils adressés au PS pour soigner des aigreurs d’estomac persistantes depuis le 8 octobre sont accueillis par des ricanements bruyants (par du persiflage méprisant même, dans le chef de Mme Onkelinx) ;
- Mme Chan (LB) fait confiance aux compétences de cette majorité pour ce qui concerne le commerce et l’emploi (plan communal, maison de l’emploi, centres d’entreprises, noyaux commerciaux) ; elle s’inquiète du nombre élevé des faillites et suggère une cellule d’aide aux entreprises en difficultés et/ou des conseillers ;
- M. de Beaufort (LB) se réjouit qu’un vent frais souffle sur Schaerbeek (le banc du PS s’esclaffe grossièrement à cette formule un brin grandiloquente), et que les activités culturelles se développent malgré des moyens sévèrement contrôlés ;
- M. Nimal (LB) est enthousiaste lui aussi : des solutions nouvelles et créatives sont proposées pour développer le respect, des personnes et des biens (koban, services à la population, lutte contre incivilités, développement de l’accueil des victimes, notamment de violences familiales).
La balle repart dans l’opposition avec Mme Vriamont (SP), qui voudrait des objectifs plus précis, notamment sur le lien entre la culture et l’enseignement : « L’intervention de Mme Lejeune sur ce point était plus intéressante que le programme » ! M. Dönmez (PS) s’inquiète des services d’aide aux personnes et aux familles : il y aurait pour les seniors un projet de construction de maison de repos avec des appartements pour personnes à mobilité réduite, en partenariat public-privé avenue Voltaire, il préfèrerait un partenariat avec la Région. J’ai même le plaisir d’entendre pour la première fois la voix d’un élu qui siège pourtant depuis longtemps : M. Özkara (PS) interpelle sur le stationnement (pourrait-on en faire revenir la gestion au sein des services communaux ? les problèmes se posent en soirée, pas en journée ; pourrait-on multiplier le stationnement en épis ?) et plaide également pour que soit restaurée la prime de fin d’année du personnel communal.
Pour la LB, Mme Güles se réjouit des nouvelles places de crèche qui vont s’ouvrir : on prévoit même des synergies possibles avec les employeurs et un accueil en dehors des heures habituelles. Et M. Kaddour salue la nette amélioration sur le plan de la propreté dans le bas de Schaerbeek et lance un appel au savoir-vivre : « Il faut éduquer les gens, tout le monde doit s’y mettre ! ».
Mme Nyssens (cdH) s’inquiète que le programme ne contienne rien à propos du Conseil de prévention et de sécurité (mesures judiciaires alternatives) : l’argent vient du fédéral, les fonctionnaires communaux y font du bon travail, il faut maintenir ce service, et même le mettre en valeur.
M. van de Werve (LB) s’impatiente : seules Mmes Vriamont, Bouarfa et Nyssens veulent faire « avancer le schmilblick », ce qu’il apprécie ; les autres n’ont même pas lu le programme et font perdre un temps fou (Mme Onkelinx se permet de l’invectiver sans demander la parole : « Donneur de leçons ! »).
M. Bouhjar (PS) s’emporte au sujet du sport (incohérences entre les niveaux de pouvoir) et d’une question d’intégration (Orbem ? je n’ai pas compris, sauf que l’Echevine Mme Essaïdi est visée. Son collègue, M. Noël entreprend de répondre, ce qui lui vaut une intervention faussement naïve de Mme Onkelinx : « Ah, on peut interrompre ? »).
Il est 21h, et il reste 67 points à l’ordre du jour !!! L’aspect positif, c’est que tous les partis s’efforcent visiblement de faire participer chacun, mais cette intense activité des conseillers risque paradoxalement de rendre le Conseil ingérable … D’autant plus que dans l’ensemble, il s’agit de se chercher mutuellement des puces : j’imagine très bien que des critiques similaires seraient émises si le destin avait voulu que les rôles soient inversés… La vraie mauvaise surprise vient de la participation de Mme Onkelinx. D’aucuns l’avaient imaginée en grande absente, ou se contentant d’un quart d’heure flamboyant, comme certains de ses illustres prédécesseurs ; or, elle est bien là, mais vraiment pas pour un mieux : arrogante, insupportablement comédienne, elle est tout sauf constructive …
Le Bourgmestre ne se démonte pas : il répond brièvement
- qu’un programme d’action pour 6 ans ne peut pas être un PCD (qui coûte l’intervention de consultants, soit 200 000 euros – moi qui croyais naïvement que c’était un travail de l’équipe en place …),
- que la police est bien attentive aux questions de violences conjugales,
- que maintenant, le Livre blanc va être mis en œuvre !!
- qu’il souhaite que M. Bouhjar siège au Conseil de la Communauté française et y demande des budgets supplémentaires,
- que la propreté est effectivement un département prioritaire (il y a eu 14 nouveaux engagés en 2006, le règlement-taxes sur les salissures fonctionne, et pour les autres incivilités, c’est à l’examen au niveau de toute la zone de police).
« Vous nous jugerez sur nos actes. »<